Faith Serenity Hope Eloane

Warrens

Faith Serenity Hope Eloane

Warrens

« Récit d’une vie passée à se battre pour la Liberté alors que la Liberté n’a pas sa place dans sa vie... »

17 Mars 2173, 20h17, Manoir Warrens :

L’orage grondait depuis plusieurs minutes à présent, sur la cité de Naëris. Et bien avant que l’orage n’éclate, des cris déchirants provenaient du manoir Warrens, et plus précisément de la chambre que Dorian, le leader du Falnaë partageait avec son épouse, la douce Eden. Dès qu’il avait été indubitable que l’accouchement se profilait, Dorian avait tout abandonné pour se tenir aux chevets de sa femme. D’autant plus que c’était leur premier enfant qu’elle allait mettre au monde, enfin, leurs premiers enfants, étant donné qu’elle attendait des jumeaux. A 19h40, Eden mit au monde leur première fille, que le couple avait choisit d’appeler Lily, en hommage à la mère d’Eden.

Les cris perdurèrent de longues minutes, jusqu’à ce que la petite deuxième se décide à enfin pointer le bout de son nez. Il était 20h20 tout rond lorsqu’Eden fut enfin libérée, mais haletante. Lily gesticulait dans sa couveuse, tout en rappelant à la mémoire des adultes présents qu’elle était là, même si tous accordaient leur attention pour l’instant à sa jumelle. Jumelle qui était pour l’instant muette, et sous les hurlements retentissants de sa sœur, son silence était d’autant plus criant. Eden fronça les sourcils, inquiète : « Dorian... Qu’est-ce qui se passe avec Serenity ? », demanda-t-elle, alors que son époux s’affairait autour de leur dernière-née, qui semblait décidée à se terrer dans son mutisme. Les médecins avaient beau s’occuper du nourrisson, nul bruit ne sortait de sa bouche.

Peu à peu, le silence vint à envahir la pièce, les médecins ne communiquant que par gestes. Les parents, quant à eux, regardant la scène, désœuvrés. Le silence était seulement interrompu par les cris poussés par Lily, qui manifestait encore de temps à autre sa présence, comme si elle était contrariée de ne plus être la star de la soirée. Allez savoir pourquoi, cependant, elle aussi en vint à se taire. Sans doute sentait-elle, au fond d’elle, que sa jumelle était en danger. Sans doute avait-elle désiré l’encourager à prendre son premier souffle sur terre, en se montrant silencieuse, en lui  laissant la chance de se faire entendre, d’être la star à son tour. Les secondes s’égrenèrent, dans un silence oppressant, seulement troublé par le bruit produit par les médecins tentant de pousser la petite à pousser son premier cri. Dorian était à présent à côté de sa femme, tenant sa main dans la sienne, leurs deux cœurs battant à l’unisson, pour insuffler à leur dernière-née le courage de se battre pour vivre parmi eux. Priant pour que les Cieux soient avec eux. Se réconfortant l’un l’autre, à renforts de : « Ne perds pas espoir ! Garde la foi ! Elle respirera ! »

Les secondes passèrent, l’espoir s’amenuisait. Et soudain, le premier cri tant attendu fut poussé. L’angoisse avait été courte, dans les faits, seulement une quinzaine de secondes. Mais ça avait semblé durer une éternité pour toutes les personnes présentes, et encore plus pour Eden et Dorian. A peine la dernière jumelle eut-elle poussée son premier cri que son aînée se fit à nouveau entendre. Comme pour saluer les efforts fournis par sa sœur. Comme si à présent, elles étaient encore plus liées que de simples jumelles.

Ce fut à cause de cette longue attente que Serenity fut renommée Faith, bien évidemment, à cause de la signification de ce prénom. Normalement, Faith aurait dû être son 2nd prénom, mais la vie en voulu autrement. Serenity vient simplement du fait que ses parents voulaient transmettre un message par le prénom de leur fille. Eloane, prénom celte, a aussi été choisi pour sa signification : lumière. Encore un autre message de la part des parents Warrens...

C’est ainsi que vint au monde Faith Serenity Hope Eloane Warrens. Et ainsi que se termine le premier chapitre de sa vie.

Pendant deux ans, la famille Warrens fut donc exclusivement composée de Dorian, Eden, Lily & Faith. Pendant deux ans, Faith bénéficia de toute l’attention de sa sœur. Il faut savoir que les jumelles étaient encore plus fusionnelles que celles que vous pouvez croiser dans la rue, ou connaître dans votre entourage. Lily était la plus dirigeante des deux, et Faith était la suiveuse bienheureuse. Elle aurait pu tout faire pour sa sœur. Mais la réciproque était aussi vraie, n’allez pas imaginer le contre ! Après tout, le binôme a grandi seul, en quelque sorte. Oui, les parents Warrens veillaient à passer du temps avec leurs filles, mais ils avaient de lourdes obligations à côté, qui ne leur permettaient pas de bénéficier d’autant d’instants en famille que les familles normales. Pour l’heure, les fillettes étaient trop petites pour en prendre pleinement conscience, même si elles se doutaient bien que leurs parents n’étaient pas comme les autres, bien loin de l’image que véhiculaient les parents de leurs camarades, par exemple. Mais ça n’était que des impressions vagues, latentes, pour l’instant. Impressions qui étaient étouffées sous la présence constante à leurs côtés d’amis de leurs parents, amis qu’elles découvrirent plus tard être des partisans du groupe crée par leur père...

Vu comme ça, on ne peut pas dire que les premières années de vie de Faith n’ont pas été idylliques. Elle n’a jamais manquée de rien, si ce n’est d’un peu d’affection parental. Les histoires avant d’aller au lit ? Elle n’a connu ça qu’une poignée de fois, et encore, c’était bien souvent interrompu par un Falnaën qui avait besoin du parent présent, ou qui cherchait l’autre, demandant donc à celui présent où se trouvait sa moitié... Des fêtes d’anniversaires tranquilles en famille ? Quant on a pour parents des dirigeants d’un des groupes les plus importants de Naëris, c’est presque trop beau d’avoir la présence constante d’un seul de ses parents pour sa fête d’anniversaire, alors des deux, vous imaginez bien à quel point c’est rare ! En bref, vous l’aurez compris : Faith n’a pas eu une vie de famille normale. Mais ses parents se sont toujours pliés en quatre pour avoir du temps à accorder à leurs filles. Quelque soit les problèmes que le Falnaë pouvait traverser !

Au cours de ces deux années passées à ne vivre qu’en compagnie de Lily, Faith s’est montrée très dépendante de cette dernière. Et très jalouse dès que quelqu’un d’autre se l’accaparait. Même si c’était d’autres alliés à son clan. Car oui, les fillettes ont été choyées plus que de raison par l’ensemble du groupe. Tout comme les autres enfants du Falnaë, en fait. Les adultes se sont mis en tête de les préserver autant que possible de la guerre qui faisait rage en ville. Mais les jumelles étaient malicieuses, et curieuses. Ayant parfaitement conscience d’avoir des bouilles d’anges qui étaient de véritables atouts pour faire fondre le cœur des adultes, elles s’en servirent très tôt pour éviter les punitions, lorsqu’elles se faisant prendre en train de se faufiler pour aller là où elles n’auraient pas dû être ! En effet, dès qu’elles surent marcher toutes les deux (Faith l’ayant réussi après sa sœur, pour la petite anecdote, et encore, uniquement pour réussir à la suivre), elles s’échinèrent à échapper à la vigilance des adultes. Par jeu, parce qu’il était drôle de les voir leur courir auprès ! Pour voir ce qui se tramait de l’autre côté de la porte qu’on gardait. Bref, pour découvrir la vie.

Bien que très complices, les jumelles traversaient également des moments de conflits, étant toutes deux déjà dotées, en dépit de leur jeune âge, d’un très fort caractère. Faith était certes plus douce que sa sœur, elle ne se laissait pas marcher sur les pieds pour autant. Mais aucune dispute ne durait jamais bien longtemps, rien ne semblait en mesure de les séparer. Rien ? Pas exactement, car la naissance d’April faillit réussir à les éloigner, Lily aimait à jouer à la poupée avec sa petite sœur, tandis que sa jumelle boudait de la voir s’intéresser à quelqu’un d’autre qu’à elle. Les disputes se firent alors plus vives. Et le paradoxe voulut que lorsque Faith finisse par aller se consoler auprès de sa nouvelle amie Nyla Johanson, Lily fut aussi jalouse à son tour. Même si, lorsqu’elle était avec April, et que Faith piquait une crise, Lily disputait sa jumelle d’être jalouse. Alors qu’elle ne se privait pas pour en faire autant en voyant Faith avec Nyla... Cependant, avant d’en arriver à cette jalousie réciproque, il fallut attendre de longs mois au cours desquels Faith se sentit délaissée par sa jumelle, à tel point qu’elle finit par en détester April. Oui, vous avez bien lu, Faith a détesté plus que quiconque sa petite sœur, à une lointaine époque. Ce fut véritablement une époque difficile pour Fay. Difficulté qui fut adoucie lorsqu’elle commença à se rapprocher de Nyla. Les deux amies devinrent complices, même si, au sens de Faith, c’était nettement moins complice que ce qui l’unissait à Lily. Il faut en effet que vous ayez en tête une autre chose pour réussir à ne serait-ce que concevoir à quel point les jumelles étaient proches : avant même de savoir parler, elles semblaient déjà en mesure de se comprendre l’une l’autre, en babillant, ou simplement par le regard. Par la suite, lorsqu’elles ont su parler, elles se sont même inventer un langage secret, leur permettant de parler sans se soucier des oreilles indiscrètes se trouvant à proximité. Sans compter qu’elles étaient en mesure de se comprendre d’un seul regard, d’un seul claquement de langue contre le palais, voire même d’un seul raclement de gorge. Alors, vu comme ça, il est aisé d’imaginer que, en dépit de la complicité qui unissait Faith à Nyla, ça n’était pas aussi profond que ce qui la liait à sa jumelle.

La naissance d’April eut donc pour conséquence de fissurer un peu le duo super-fusionnel que formaient les jumelles. Sans pour autant parvenir à les séparer totalement : Elles passaient toujours du temps ensemble, beaucoup, mais elles apprirent désormais à se partager avec d’autres, à ne pas vivre que pour l’autre, à ne pas voir le monde qu’à travers le regard de sa moitié. Elles partageaient toujours la même chambre. Et bien souvent le même lit, l’une se faufilant dans le lit de l’autre dès que la porte de leur chambre était refermée sur l’adulte qui les avait bordés.

Le gros avantage de cette légère scission entre les jumelles, ce fut que Faith commença à s’affirmer un peu plus. Jusqu’à présent, en compagnie d’April, elle se laissait faire, rester plus ou moins en marge, étant largement dirigée par sa jumelle. L’inconvénient, c’est que cette nouvelle version de Faith ne plaisait pas à tout le monde, et lui valait bons nombres de disputes avec ses comparses. Dont Nyla en tête. La petite dernière des Johanson avait aussi un sacré caractère, aussi l’amitié qui l’unissait à Faith fut-elle des plus explosives. Un jour elles s’adoraient et riaient aux éclats en préparant des bêtises, et le lendemain, elles refusaient de se voir, bien souvent pour une raison des plus stupides, et... puériles ! Leur amitié ne fut pas ponctuée que de disputes, mais aussi de très bons moments. C’est d’ailleurs grâce à cette amitié que Faith a enfin réussi à créer un lien avec April, à cesser de ne voir en ce nourrisson qu’un simple moyen de l’éloigner de sa jumelle adorée.

Au fil du temps, les jumelles parvinrent même à trouver l’équilibre parfait, à s’octroyer du temps sans l’autre, pour être soit en tête-à-tête avec elle-même, ou tout simplement avec ses ami(e)s. De surcroît, elles avaient plus ou moins les mêmes amis, ou, du moins, leurs amis se connaissaient entre eux, provenant tous, vous vous en doutez, de la résistance, voire même parfois des pacifistes. Elles étaient même contentes, en fait, de ne pas être toujours l’une avec l’autre. Même si elles adoraient ces instants. En réalité, ce qui les énervait surtout, c’était d’être confondues. Dorian et Eden ont toujours tout fait pour leur donner leur identité propre, ne s’amusant nullement, comme bons nombres de parents de jumeaux le font pourtant, à les vêtir à l’identique. Bien entendu, elles y eurent droit, quelques fois. Mais uniquement en de grandes occasions, ou alors parce qu’elles le réclamaient, et que ça les amusaient follement.

Paradoxalement, même si elles parvinrent à se détacher l’une de l’autre, elles ne cessèrent pas pour autant de former un duo de parfaites petites facétieuses. Leur blague préférée était d’ailleurs celle que beaucoup de paires de jumeaux ont testée et approuvée : se faire passer pour l’autre. Elles savaient parfaitement s’imiter l’une l’autre, à tel point que même leurs parents se faisaient avoir, c’est pour dire ! Séparément, les idées de bêtises ne manquaient pas, ensemble, elles fusaient. Et lorsqu’il s’agissait d’être un peu plus sérieux, là aussi, elles formaient la paire parfaite. Lorsque l’une baissait les bras, l’autre l’encourageait à persévérer. Ce qui leur fut bien utile lorsqu’elles commencèrent le sport, ne tenant pas facilement en place, aussi bien l’une que l’autre. Elles faisaient les mêmes, bien que chacune ait sa spécialité : Lily excellait en escrime alors que Faith brillait en danse.

En réalité, la première grosse crise qui mit leur duo à mal fut la découverte du pouvoir de Faith, l’année de leurs 5 ans. Les jumelles étaient en train de jouer dans le parc du manoir, avec une tripotée d’autres enfants. La partie en cours était une partie de cache-cache. Faith s’était cachée dans un arbre. Oui, vous avez bien lu : Faith, à 5 ans, se cachait dans un arbre. Elle devenait peu à peu casse-cou, et avait toujours aimé grimper dans les arbres. Il faut dire aussi que son choix n’avait pas été le fait du hasard : la fillette qui cherchait ne savait pas grimper dans les arbres, et n’aurait donc jamais l’idée de lever la tête en l’air pour voir si un de ses compagnons n’avait pas pris de l’altitude pour se dissimuler. A l’époque, ils étaient bien peu, dans leur groupe, à avoir déjà développé un quelconque pouvoir, de ce fait, leurs parties de jeux restaient plutôt « terre-à-terre ». Faith était donc fière de sa cachette, et se plaisait déjà à se voir grande gagnante de la partie. La main sur la bouche, elle tâchait de faire taire l’envie de rire qui la prenait, de plus en plus fort, en voyant ses amis se faire découvrir les uns après les autres par la chercheuse. Faith était à quelques minutes de la victoire, lorsqu’une voix masculine s’éleva, juste à quelques pas de son arbre : « Faith est là ! Marina, elle est là ! » Inutile de dire que la fillette fulminait : ça n’était pas à lui de trouver les gens, mais à Marina. Elle descendit donc en bougonnant à l’injustice et à la tricherie. Ce qui lui valu instantanément d’être taxé de mauvaise perdante. Le ton monta rapidement entre les enfants, surtout entre Faith et celui qui, selon elle, l’avait dénoncé. Le reste du groupe fut obligé d’intervenir pour éviter que la situation ne s’envenime. Mais ça n’était que retarder l’orage... Une trentaine de minutes plus tard seulement, le garçon décida de jouer un tour à la fillette. L’imbécile songea qu’il n’y avait rien de plus drôle que de aire peur à Faith, en lui sautant sur le dos. Mauvaise idée... Faith sursauta, se débattit pour s’en libérer, et sous la colère et la peur, fini par lancer quelques boules de feu tout droit devant elle. Ironiquement, précisément sur l’arbre sur lequel elle s’était précédemment cachée... Ce qui n’était pas un mal : non loin d’elle se trouvaient quelques camarades, elle aurait donc pu les atteindre involontairement...

Il fallu attendre une semaine pour que les adultes s’aperçoivent que le pouvoir de Faith n’était pas la pyrokinésie. Au cours d’un repas, la fillette a involontairement réagit à une phrase que sa mère avait simplement pensé. Dès lors, il devint clair pour tout le monde que Faith absorbait les pouvoirs. Ce qui ne réjouit pas vraiment ses parents, qui ne se doutaient que trop bien qu’elle aurait bien des difficultés à maîtriser un tel pouvoir : apprendre à gérer un seul pouvoir n’est pas aisé, mais tâcher de se familiariser avec plusieurs pouvoirs, c’est encore plus compliqué. Constat que se fit également Lily, et qi acheva de la convaincre que faire la tête à sa sœur à cause de cela était idiot. Au contraire, elle décida de la supporter, comme elles le faisaient à chaque fois, dès qu’elles rencontraient un problème quelconque !

Tout allait pour le mieux dans la vie des jumelles. Elles ne voyaient certes pas plus leurs parents qu’avant, mais, comme auparavant, ils réussissaient toujours à leur accorder du temps. Toutes deux acceptaient avec joie April, dans leurs jeux, et toutes deux adoraient s’occuper d’elle. Elles avaient réussit à rassembler autour d’elles un groupe d’amis unis. Elles connaissaient des débuts prometteurs à l’école. Elles étaient toujours aussi douées en sports, et passionnés, même. Elles avaient même commencés à apprendre à se battre. Surprenant ? Non, pas tant que ça, n’oubliez pas où elles ont grandies : il est donc tout naturel que leur apprentissage au combat ait démarré le plus tôt possible. Jamais leurs parents ne leur avaient cachés qu’il existait des gens qui les détesteraient, rien qu’à cause de leur nom de famille. Qui mépriseraient Faith car elle était mutante. A aucun moment les fillettes ont été élevées dans la certitude que le monde était tout beau et tout rose, même si, comme tous les enfants, elles ont été préservées, autant que possible, de l’horreur qui se tapi au sein de l’humanité. Elles ont cependant été moins préservées que d’autres enfants, toutefois, du fait qu’elles vivaient avec des combattants. Elles ont donc souvent croisés, aperçues, involontairement, des personnes blessées. Mais jamais elles n’ont eu peur pour elles, même lorsqu’elles se promenaient à Naëris, avec leurs parents. Elles savaient que ceux-ci feraient tout pour les protéger, ainsi que l’ensemble du groupe d’ailleurs. Depuis toujours, elles ont été habitués à être sur leurs gardes lorsqu’elles quittaient le cocon qu’était pour elles Avalon. Mais elles étaient bien loin de se douter que le danger viendrait de l’intérieur, que les accidents n’étaient pas bannis en ce lieu pourtant préservé...

Les jumelles avaient fêté leurs 6 ans depuis un mois lorsqu’un drame les toucha de plein fouet. C’était l’une des rares fois où Faith et Lily n’étaient ensemble. Lily avait été rejoindre des amis pour jouer autour du lac de la propriété Warrens, tandis que Faith jouait avec Nyla, à quelques mètres de sa sœur. Faith et Nyla étaient occupées à critiquer une fillette qu’elles n’aimaient pas (occupation que les enfants aiment souvent à faire !), lorsque Faith cessa soudainement de parler. Elle se figea d’un seul coup, et blanchi en quelques secondes. Nyla tâcha de l’interroger pour savoir ce qu’elle avait, mais Faith refusait de parler. Elle en était en réalité incapable. Son cœur se mit alors à battre à tout rompre sous la crainte sourde qui s’insinuait en elle, lentement. Son regard brilla d’inquiète, préoccupant à son tour Nyla, qui la secouait à présent. Cela ne dura qu’une dizaine de secondes, avant que Faith parvienne enfin à retrouver le contrôle de ses membres. Dès lors, elle se précipita, sans même se soucier de ce qu’elle pouvait bien croiser en chemin, bousculant quiconque se mettant en travers sa route. Sans même s’excuser. Elle n’entendait qu’à peine les protestations des personnes qu’elle bousculait, pas plus qu’elle entendait Nyla courir à sa suite. Elle avait à faire, elle devait vérifier que le mauvais pressentiment qui lui nouait l’estomac n’était qu’une illusion. La pauvre enfant ignorait que ça n’était pas qu’une cruelle impression, qu’elle était en train de tester, pour la première fois de sa vie, le pouvoir d’empathie. Et que celui-ci, sans nul doute profitant de la profonde connexion qui existait entre elle et sa jumelle, en avait profité pour se manifester, et lui faire ressentir le danger que Lily encourait à présent. Faith continua donc sa course, sans même chercher à comprendre, sentant juste qu’il lui fallait rejoindre sa sœur, là où elle pensait la trouver : vers le lac, sachant que celle-ci y était venue pour jouer.

Son cœur lui donnait l’impression de sortir de son corps lorsqu’elle arriva enfin à destination. La blondinette fouilla les lieux du regard, une lueur de folie brillant à l’intérieur de celui-ci. Elle eut l’impression que la terre arrêta de tourner et que son monde s’écroula lorsqu’elle vit alors Lily gesticuler dans le lac, se débattre pour en sortir. Faith cria le prénom de sa sœur dans un hurlement déchirant, qui attirèrent sur elle l’attention d’adultes se trouvant dans les environs, tout en courant pour plonger dans le lac. Réflexe idiot, car elle ne savait nager que depuis peu, sans compter qu’elle n’avait que trop cruellement conscience qu’elle ne serait pas assez forte pour sortir Lily de là. Mais elle n’avait pas réellement réfléchit, ça avait été instinctif. Sa sœur était en danger, il lui fallait faire quelque chose. Elle sauta dans l’eau froide de ce mois d’avril. Son cerveau s’engourdit lentement. Aussi bien à cause du froid qu’à cause de ce qu’elle ressentait : sa sœur était de plus en plus faible, et avait de plus en plus peur. Lily avoir peur : chose que Faith n’avait jamais vu, jamais connu, et qu’elle pensait impossible. La peur de Lily se mélangeait à celle de Faith, pour n’en faire plus qu’une, immense, intense et paralysante. Tout en nageant tant bien que mal pour rejoindre sa sœur, Faith eut de plus en plus l’impression de ne plus parvenir à respirer. La faiblesse qui touchait Lily à force de se débattre s’introduisait également dans le corps de Faith, ajoutant à sa propre faiblesse de se débattre ainsi pour la rejoindre au plus vite. C’est à bout de souffle, à bout de nerfs, qu’elle arriva enfin aux côtés de Lily.

Lorsque Faith repense à ce jour-là, et à ceux qui suivirent, elle ne voit que quelques flashs. Plus ou moins rapides. Toujours interrompu par une séquence noir, avec en arrière-fond sonore des bruits sourds d’hurlements, de pleurs mêlés, de condoléances lancés aux Warrens et de suppliques adressées à Lily pour qu’elle respire. Etrange... Faith ignore si c’est sa mémoire qui lui joue des tours, ou si c’est son père qui est intervenu pour lui modifier la mémoire, atténuer la douleur de cette journée atroce. Je vais donc vous décrire ce que Faith a en mémoire à présent :

Spoiler:

L’engourdissement cérébral qui semblait atteindre Faith durant des jours entiers. Même sa voix décida à revenir avant les sensations, la conscience constante de son environnement. Le retour de sa vie eut lieu par hasard, ou par lassitude, allez savoir. Faith s’en souvient parfaitement, elle était en train de dormir. Comme à chaque fois suite au décès de Lily, elle n’était pas seule dans son lit. A vrai dire, elle n’a plus dormit avant de longs mois dans son ancienne chambre, car elle partageait celle-ci avec sa jumelle... Donc, cette nuit-là, Faith dormait aux côtés d’April, dans la chambre de la petite dernière des Warrens. L’aînée était en plein rêve. Comme bien souvent, son monde onirique était peuplé de sa jumelle, en grande partie. A croire que son esprit refusait de lâcher prise, de la laisser partir. Qu’il avait besoin de raviver son souvenir, sous crainte d’oublier jusqu’à ses traits, à sa voix, à son existence. Bien souvent, c’était le même rêve : un matin où Faith se réveillait dans leur chambre, avec Lily qui l’attendait déjà, assise sur son propre lit, prête à démarrer la journée. En avisant que sa jumelle était enfin réveillée, Lily quittait alors son lit pour se diriger vers la porte, pressant Faith d’en faire de même. Allez savoir pourquoi, cette nuit-là, le : « Lily ! » que Faith s’écriait alors en la voyant partir ne fut pas que rêvé. Il réveilla même April, bien qu’il ait été prononcé avec moins de virulence que dans le rêve de Faith, étant donné que celle-ci avait passée un long mois sans parvenir à prononcer le moindre mot. Quelle ironie, n’est-ce pas, de se dire que le dernier mot que Faith ait prononcé alors est exactement le même que le premier qu’elle ait parvenue à sortir ?

Suite à cet épisode, Faith parvint lentement à se réapproprier sa voix. Et encore plus longtemps à sortir de sa léthargie, de l’indifférence dans lequel elle s’était terrée, s’y enroulant comme dans un cocon protecteur. Pendant de très longs mois, elle fuit tous les miroirs, détestant y voir apparaître son reflet, qui la renvoyait inlassablement à la moitié d’elle qui ne serait jamais plus. Même sa voix l’insupportait, car elle y entendait les nuances similaires à celles de Lily. Elle ne toléra de retourner dans sa chambre qu’une fois que ses parents aient refait entièrement la décoration de celle-ci. Certains virent là le signe que Faith était sans cœur, à vouloir effacer ainsi les traces de sa sœur. Mais ça avait été nécessaire pour elle, ce que ses parents avaient compris. Si elle voulait parvenir à tourner la page, elle devait se laisser plus de place, mettre Lily de côté autant que possible (ce qui était difficilement réalisable, du fait des explications données précédemment.)

Le deuil fut long. La reconstruction de Faith le fut tout autant. Et par bien des égards, on peut se demander si elle a vraiment réussi l’un comme l’autre, tant les séquelles de l’absence de Lily sont présents, si on s’intéresse à la mutante. Longtemps, Faith a eu l’impression de ne plus savoir qui elle était. Où elle en était. Entre la mort de Lily et la perte de son pouvoir, elle était perdue. Et comme les deux étaient liés, il fallait qu’elle avance dans son deuil si elle voulait récupérer son pouvoir. Dorian ne cessait de le lui rabâcher. Mais Faith ne faisait aucun effort. Elle ne voulait plus de son pouvoir. Elle en avait eu un, qui lui avait été inutile. Elle n’en avait jamais voulu, au fond. Contrairement à Lily. Alors il ne serait pas juste qu’elle en ait un, alors que sa sœur n’a jamais eu la chance d’en avoir.

Ce fut suite à ce drame que l’amitié entre Faith et Nyla prit encore plus d’ampleur. La jeune Johanson veillait attentivement sur son amie, aidée par April et par Kylian. Car c’est quelques mois après que Kylian vint emménager chez les Warrens, même s’il faisait déjà parti du groupe d’amis de notre jolie blonde. Le soutien de ses amis et de sa famille fut essentiel à Faith au cours de cette période. Tous faisaient de leur mieux pour essayer de lui rendre son sourire. Cela n’arriva pas de suite, pour l’heure, 8 mois après le drame, Faith se contentait de vivre. Et ça lui demandait déjà beaucoup d’efforts !

C’est en apprenant à vivre sans Lily à ses côtés que le caractère de Faith se modifia pour commencer à devenir celui qu’on lui connaît actuellement. Comme pour compenser le fait que ses parents aient perdus Lily, qui avait toujours été selon elle la plus prometteuse des deux, elle se montra très exigeante envers elle-même. Pour être à leur hauteur. Elle s’intéressa nettement plus aux cours. Et aussi à ses leçons de combat. Une partie d’elle s’était faite à l’idée de ne plus être mutante. Une partie d’elle désirait que ça soit le cas. Aussi prévoyait-elle de compenser cela en devenant une bonne combattante. Ce fut même elle qui demanda à apprendre à tirer à l’arc, souhaitant, même si elle ne l’a jamais avoué qu’à Lewis, vouloir faire comme l’un des héros qui avait bercé son enfance : Robin des bois. C’est d’ailleurs à force d’entraînement acharné qu’elle réussi à devenir une brillante archère, même plus douée que certaines personnes plus âgées qu’elle. Elle veillait aussi à se montrer très attentive dans les cours qu’on lui donnait pour lui apprendre à se repérer dans la nature, reconnaître ce qui était vénéneux ou non... Car elle savait qu’elle serait amenée à faire des missions pour son père un jour, et qu’elle devrait aller en forêt. A à peine 7 ans, Faith se préparait déjà à devenir une guerrière, extrêmement bonne, pour palier à l’absence de Lily : il fallait qu’elle soit douée pour elles...

L’ombre de Lily planant partout, Faith avait du mal à tourner la page, si tant est qu’on puisse tourner la page de sa défunte sœur jumelle... Tout lui rappelait sa sœur : les arbres qui parsemaient le parc, les sourires attristés qu’on lui adressait parfois, ses parents qui avaient certaines fois le regard dans le vide, les jeux auxquels elle se prêtait souvent avec ses amis... Mais, peu à peu, sans même qu’elle ne s’en rende compte, la douleur du gouffre creusé par sa jumelle passa d’insupportable à tolérable, de tolérable à banal. Sans pour autant perdre de sa profondeur, de son pouvoir à donner à Faith l’impression de ne pas être complète, d’avoir parfois des difficultés à respirer lorsque ce gouffre se rappelait à sa mémoire.

Faith ne prit conscience de cette étape qu’un an après la mort de sa sœur, lorsque vint l’acceptation de ce drame. Acceptation qui fut salué par le retour du pouvoir de Faith. Même si celui-ci fut plus du fait du hasard que d’une volonté profonde, admise, de Faith. La fillette était, une fois de plus, dehors, avec ses amis. Le petit groupe était en train de parler avec animation. Non loin d’eux se trouvait un jeune couple de parents, avec leur bébé dans la poussette. Les deux adultes étaient occupés à échanger un baiser passionné, ce qui amusait certains enfants, et en dégoûtaient d’autres. Un groupe d’adolescents était en train de jouer au foot à quelques mètres de là. L’un d’eux frappa la balle trop fortement, et loupa carrément son tir. Le ballon, tel un boulet de canon, se dirigea tout droit vers le bébé. Seul Faith l’avait remarqué : ses amis étaient occupés à parler, et les parents de l’enfant se noyaient dans le regard de l’autre. Elle savait que courir serait inutile, elle n’arriverait jamais vers le berceau à temps. Crier serait une perte de temps : le temps que quelqu’un réagisse, le ballon aurait déjà percuté le berceau et fait voler le bébé dormait à poings fermé à l’intérieur. Sous l’adrénaline et la peur, Faith se leva, le cœur battant à tout rompre, ne perdant pas le ballon du regard, hurlant un énorme : « Non ! ». Et là, elle sentit une émotion oubliée : celle qui lui indiquait qu’un pouvoir coulait dans ses veines. Qu’elle était en train de s’en servir. Le ballon se figea dans sa course. Son hurlement avait attiré l’attention des jeunes parents. Une fois conscients du danger encouru par leur enfant, ils décalèrent la poussette. Juste à temps, d’ailleurs, parce que le ballon s’activa à nouveau. Faith n’avait figé le ballon qu’une vingtaine de secondes. Un effort minime pour ce qu’elle savait faire autrefois. Mais rester un an sans utiliser son pouvoir, ça laisse des séquelles. Aussi cet événement la laissa vidée, totalement, comme si elle avait couru un marathon sans entraînement au préalable.

Cet épisode parvint aux oreilles de Mme Warrens, qui fut ravie : elle ne savait que trop bien, pour l’avoir expérimenté, la douleur que cela représente pour un mutant de ne pouvoir faire appel à son don. Elle savait que le mutant récupérait son pouvoir lorsque le traumatisme qui le lui avait enlevé se dissipait enfin, ou du moins, qu’il commençait à faire avec... Et ce fut le cas. Extérieurement, Faith allait enfin mieux. Un an après la mort de Lily, elle parvenait à sourire. Véritablement sourire. Elle goûtait à nouveau à la vie. Un an seulement s’était écoulé, et Faith était métamorphosée : plus mature, commençant à prendre conscience de la brièveté de la vie, acceptant tant bien que mal les attentes qui reposaient sur ses épaules, décidée à protéger sa petite sœur... Adieu l’enfance...

Des 7 ans aux 12 ans de Faith, il ne se passa rien de très intéressant. Sa vie se composait des moments familiaux, ses cours, ses entraînements aux combats (au corps-à-corps ou avec des armes), des instants de détente avec ses amis, ses découvertes diverses, ses entraînements pour maîtriser son pouvoir... Son désir de se montrer à la hauteur de son nom de famille s’intensifia au fil du temps, et avec lui, son exigence envers elle-même si fit plus forte. Les traces de l’insouciance quittèrent bien vite son esprit, ce qui ne passa pas inaperçue aux yeux de sa mère, qui ne savait pas quoi faire pour l’aider à retrouver une enfance la plus normale possible. Mais lorsque l’on est une Warrens, avoir une enfance normale relève de l’utopie la plus complète. Faith souriait enfin franchement, lorsque la vie lui donna une nouvelle raison de perdre son sourire et de la mépriser.

27 Mai 2185, Manoir Warrens :

Faith était dans sa chambre, en train de faire ses devoirs. Ca l’énervait un peu, ayant été obligée de rester sagement assise en classe toute la journée, pour l’instant, elle ne voulait qu’une chose : se défouler. Et donc, aller au gymnase pour apprendre à manier d’autres armes (elle adorait autant ça qu’apprendre à se battre, c’est pour dire !). Ayant besoin d’un livre pour continuer ses devoirs, elle quitta sa chaise de bureau et sa chambre pour se rendre dans la bibliothèque familiale. Comme à son accoutumée, elle était nu pied, trouvant que glisser ses pieds dans ses pantoufles ne lui ferait que perdre un temps précieux. Elle se glissa dans la pièce pour se rendre vers l’étagère qu’elle savait contenir l’ouvrage recherché. Ce faisant, une photo trônant sur le meuble, parmi la multitude de photos s’y trouvant, attira son attention. Elle aimait particulièrement ce cliché, qui la représentait, à tout juste 3 ans, avec sa mère. Eden était assise sur le rebord d’une fenêtre, à l’intérieur du manoir, avec la robe somptueuse qu’elle avait choisi de porter pour le mariage de l’un des falnaëns. Et Faith était également vêtue d’une belle robe, que sa mère avait soigneusement choisi, et qui, bien que différente de celle que portait Lily, présentait quelques légères similitudes. Faith adorait cette photo. Parce qu’elle aimait la complicité qui ressortait entre sa mère et elle. Parce que c’était l’une des rares où elle était seule avec sa mère, sans Lily, Dorian ou April à leurs côtés.

Alors qu’elle était en train de la contempler avec nostalgie, de l’agitation, dans le couloir, attira son attention. C’est en entendant que les adultes parlaient de sa mère que Faith se fit plus attentive. Eden était absence depuis la veille. Ce qui en soi n’avait rien d’inquiétant, il arrivait quelques fois que Mme Warrens fasse de longues missions, et ne rentre donc pas en soirée. C’était d’ailleurs le cas en ce moment-même. Faith s’était habituée à cela, même si elle n’aimait pas savoir l’un de ses parents risquant leur vie pour défendre leurs idéaux. Toutefois, elle leur faisait confiance : ils étaient toujours revenus, elle ne pouvait donc envisager que ça soit différent cette fois.

Au début, l’adolescente n’avait pas prévue d’écouter la conversation qui se tenait dans le couloir. Ce fut le fait d’entendre la voix de son père, et l’agitation qui se nichait à l’intérieur, qui la fit changer d’avis. Cela raviva de mauvais souvenirs en elle, ceux d’une atroce après-midi d’avril. Il appelait après son épouse comme il avait appelé après sa fille ce jour-là. L’inquiétude se répandit instantanément en Faith, qui se dirigea, sans bruit, vers la porte, qu’elle avait laissée entrouverte. Elle voulait mieux entendre, et voir ce qui se tramait : Il était étrange que les résistants aient fait téléporter Eden directement dans le manoir. Normalement, les blessés étaient téléportés à l’infirmerie, voire même dans le parc, non ici. Quelque chose clochait, et cette certitude, ajoutée à la voix teintée de souffrance de son télépathe de père, noua l’estomac de la jeune falnaënne. Dès que son regard réussi à capter du mouvement par la porte entrebâiller, son attention entière fut accaparé par ce qu’elle distinguait. Un pacifiste, qui lui tournait le dos et qui faisait parti de la mission à laquelle sa mère participait, tenait le corps de celle-ci dans ses bras, elle reconnaissait le bracelet porté par Eden. Cette raideur, Faith ne la connaissait que trop bien : elle revoyait sa sœur dans un tel état régulièrement dans ses pires cauchemars, ou même quelque fois lorsqu’elle fermait les yeux.

Son cerveau se mit en pause en avisant les gouttes qui s’échappaient du bras de sa mère, roulant sur le bracelet. La compréhension s’insinua peu à peu en elle, lui faisant lâcher, sous le choc et la douleur d’avoir vu juste, le cadre qu’elle tenait toujours fermement entre ses mains. Le bruit du verre se brisant attira l’attention des adultes, l’un d’entre eux ouvrit la porte de la bibliothèque. Ce qui permit à Faith de mieux voir, aussi bien son père, accroupit, en larmes, serrant Eden contre lui. Elle n’était plus qu’une poupée de chiffon, une poupée sanguinolente. Faith s’approcha de ses parents, sans même réagir lorsque ses pieds, nus, rentrèrent en contact avec les débris du cadre. Ne se souciant pas des adultes qui tâchaient de l’empêcher de rejoindre l’atroce spectacle du corps de sa mère, elle alla s’accroupir auprès de son père. Puisant dans son courage, elle se força à regarder sa mère, et fut contrainte de serrer les dents en voyant l’état dans lequel elle se trouvait, celui dans lequel l’avait mis les hommes de main de Jack Austin... Ce jour-là, Faith ne cria même pas, sachant que ça ne servirait à rien. Au lieu de cela, tout en pleurant toutes les larmes de son corps, elle se fit une promesse, une seule : celle d’anéantir, un beau jour, le Xeryl, de ses propres mains...

Les jours qui suivirent ce drame furent difficiles. Entre une April inconsolable, et un Dorian qui semblait de plus en plus distant, Faith ne savait plus où donner de la tête. Ce qui, en un sens, n’était pas plus mal : ainsi, elle n’avait pas à se concentrer sur sa douleur, n’ayant nullement besoin de revivre ça, ce gouffre qu’elle venait à peine de quitter. Elle joua à la perfection son rôle d’aînée auprès d’April, la consolant tant bien que mal. Sa propre peine, elle ne la montra qu’à de rares personnes, en vérité, seuls Nyla, Kylian et Cian ont été témoins de ses larmes. Devant les autres, Faith gardait la tête droite, bien consciente que les mauvaises langues n’attendaient qu’une chose : qu’elle sombre à nouveau. Un Warrens sombre bel et bien, cependant, mais ce ne fut pas elle, mais Dorian. Le télépathe commençait à prendre de plus en plus de risques, sans nul doute pour venger son épouse. Ce que Faith ne tarda pas à remarquer... Autant dire que la situation l’insupportait : toute la famille était en deuil et lui s’amusait à risquer sa vie, sans penser à ses filles. Voulait-il qu’elles soient orphelines de mère ET de père ? Un beau jour, une dispute éclata entre elle et son père, dispute dans laquelle fini par se mêler April. Dispute au cours de laquelle Faith sortit tout ce qu’elle avait sur le cœur, sans prendre de gants. Dispute qui réussi à faire prendre conscience à Dorian qu’il était temps pour lui de se ressaisir !

Les années passèrent, trop lentement aux yeux de Faith, qui n’attendaient qu’une chose : avoir le droit d’effectuer sa première mission pour le Falnaë. Elle s’entraînait dur pour être au point lorsque son heure viendrait. C’est d’ailleurs cette détermination qui attira sur elle l’attention de Wyatt Johanson, le frère aîné de Nyla. Celui-ci fut le premier petit-ami de la jeune mutante, qui craquait pour lui depuis bien longtemps en réalité. A tout juste 15 ans, la blondinette avait enfin l’impression de vivre un rêve, en ayant la chance de s’afficher à ses côtés. La seule ombre au tableau, et pas des moindres, c’était que Nyla ne tolérait pas cette histoire, craignant qu’elle ne se termine mal, et l’oblige à choisir entre son frère et sa meilleure amie. Crainte qui sépare d’ailleurs les deux amies tout le long de cette idylle. La vie de Faith se continua donc sans Nyla à ses côtés : elle ne voyait donc guère la vie en rose. D’autant plus que si tout allait pour le mieux avec Wyatt la plupart du temps, ils leur arrivaient de se disputer lorsque Faith obtint l’autorisation de faire ses premières missions. Wyatt n’appréciait guère de la savoir sur le champ de bataille, risquant sa vie, quand bien même cela servait la cause du Falnaë. Etant donné que Faith tenait à ses missions, les tentions étaient vives entre eux... La pire dispute que traversa le couple fut avant la première mission de Faith. Ce qui mit la jeune résistante dans une colère noire, elle qui avait tant besoin de son soutien. Le conflit ne prit fin qu’après la mission, lorsque Wyatt réalisa que Faith n’en était pas ressorti indemne. Physiquement, elle n’avait eu que quelques blessures, plus ou moins superficielles, aucunes de réellement dangereuses. C’était mentalement qu’elle était blessée, car elle avait été contrainte de tuer pour la première fois. Et rien de tout ce qu’on avait pu lui apprendre au préalable ne l’avait préparé aux nuits de cauchemars que cela allait engendrer... Mission après mission, les visages des personnes à qui Faith avait dû prendre la vie s’ajoutaient aux présents. Mission après mission, Wyatt tâchait de la convaincre de rejoindre les pacifistes. Mission après mission, le couple se disputait. Mission après mission, ils renouaient, simplement incapables de rester longtemps éloignés l’un de l’autre.

L’année de ses 18 ans, Faith réalisa que Nyla avait raison, en effet : cette histoire s’est mal terminée, mais pas comme elle le craignait ! Le 8 janvier 2191, la vie de Faith connait une nouvelle tournure dramatique : les parents Johanson, accompagné de Wyatt, furent pris dans une embuscade par des anti-mutants. Aucun d’entre eux n’en ressorti vivant... Ce drame ne motive que plus Faith à s’entraîner le plus durement possible, pour faire le plus de mission possible. Une fois de plus, elle a pu se rendre compte à quel point elle avait un entourage très présents : Kylian, Cian, Nyla et April la soutinrent lors de ce drame.

Les épreuves qui s’accumulèrent dans la vie de Faith servirent à prouver à toutes les mauvaises langues qu’elle était plus forte qu’on ne pouvait le penser. Elle gardait la tête haute, et réussissait à se relever à chaque fois. Si la vie n’avait de cesse de la marquer, Faith n’en ressortait que plus forte, et bien décidée à profiter de la vie, autant que possible : pour Lily, pour Eden et pour Wyatt. Et parce qu’elle n’avait pas la liberté de faire ce qu’elle voulait, contrairement à d’autres filles de son âge. De toute façon, cela faisait bien longtemps qu’elle n’avait plus rien à voir avec les filles de son âge : elle n’avait connu que trop de morts. Certes, le premier deuil avait été le plus traumatisant pour elle, aussi bien parce qu’elle avait ressentit cette mort, que parce qu’il s’agissait de sa jumelle. Mais les autres avaient été tout autant douloureux. Elle avait aussi du sang sur les mains, même si elle évitait de tuer sans raison, préférant faire des prisonniers que des morts. Fort heureusement, Cian était là. Ce fut au cours de ces drames que Faith réalisa l’importance que revêtait le mutant à ses yeux : il était plus qu’un ami, il était un frère, son meilleur ami, celui qui la comprenait mieux que personne. Aussi bien que Nyla. C'est-à-dire presque aussi bien que Lily...

Faith Serenity Hope Eloane

Warrens

Peu de temps après la mort de Wyatt, Faith s’entraîna afin de devenir formatrice au combat, voyant cela comme un moyen supplémentaire d’être utile à sa cause. Mais aussi de s’occuper l’esprit. Ce qu’elle faisait un peu trop au sens de certaines personnes, et surtout de la gente masculine : Faith avait toujours eu un succès indéniable auprès d’eux, mais était souvent trop occupée pour en prendre conscience. En réalité, elle se sous-estimait bien trop pour croire qu’elle puisse réellement intéressée quelqu’un. Wyatt avait été le premier garçon à qui elle avait donné une chance de prouver qu’elle pouvait plaire pour ce qu’elle était, et non le fait qu’elle soit une fille Warrens. La mort de Wyatt ne lui donnait guère envie de repartir dans une histoire. En fait, il s’écoula plus de 10 mois avant qu’elle n’y pense. Même si on ne peut dire qu’elle y a pensé réellement, ça s’est plutôt imposé à elle, comme une évidence. Et son évidence portait un nom : Kylian Parkers. Le garçon que ses parents avaient recueilli peu de temps après la mort de Lily. Elle savait que la logique aurait voulu qu’elle le voit comme un frère, comme elle considérait Cian. Mais les 10 derniers mois l’avait rapproché de lui, et aidé à prendre conscience qu’il y avait bien plus entre eux. Y avait-il toujours eu plus ? Elle l’ignorait.

Leur histoire démarra doucement, surtout du fait de la résistante, qui se sentait coupable d’aimer à nouveau un autre, un an après la mort de Wyatt. Mais la vie devait suivre son cours. Elle avait continué sa vie après chaque drame, elle comptait bien en faire de même là. Rapidement, de l’avis de tous, Kylian et Faith étaient faits pour être ensemble. Pour beaucoup, ils étaient même le plus beau couple de leur génération. Leur destin semblait tout tracé. Faith s’y est mis à croire. Elle espérait avoir avec Kylian une histoire d’amour aussi belle que celle qui avait uni ses parents.  Sans l’issue tragique, estimant avoir déjà suffisamment donné pour le côté tragique dans sa courte vie. Oui, on peut dire sans se tromper qu’elle voyait la vie en rose à ce moment-là. Si Wyatt avait été son premier amour, Kylian avait été celui avec qui elle se voyait se marier et fonder une famille. Ils leur arrivaient parfois d’évoquer un tel avenir. Une vingtaine d’années, pour certains, c’est jeune pour penser à de telles choses, mais lorsqu’on l’a grandit dans la ville de Naëris avec l’omniprésence de la mort dans sa vie, la maturité vient plus tôt, beaucoup plus tôt...

Leur histoire dura trois ans. Il ne faut aucun doute qu’elle serait toujours d’actualité si du côté de Faith, le doute ne s’était pas peu à peu insinué. N’allaient-ils pas trop vite ? N’étaient pas trop jeunes ? L’aimait-elle autant qu’avant ? Trop de questions, et pas l’ombre d’une réponse. Kylian semblait toujours autant épris, ce qui mettait Faith de plus en plus mal à l’aise. Elle ne compte même plus les conversations qu’elle a pu avoir avec Nyla à ce sujet. Et à chaque fois, la même réponse s’imposait : mettre à un terme à cette histoire pour y voir plus clair. Décision que Fait pris, après l’avoir mûrement réfléchi : elle ne voulait nullement briser le cœur de Kylian. Si elle n’était plus sûre de ce qu’elle ressentait pour lui, elle savait qu’il avait toujours beaucoup d’importance à ses yeux.

Inutile de dire qu’elle a entendu beaucoup d’insultes à son égard après cette rupture. Et oui, pour certaines personnes, cette idylle leur appartenait aussi... Et elle avait le mauvais rôle. Ils ne comprenaient pas qu’elle voulait juste y voir plus clair. Après tout, depuis ses 15 ans, elle avait enchaînée deux histoires qui avaient toutes deux durées 3 ans environ. Un break pour réfléchir lui semblait utile. Ce qu’elle ne pouvait imaginer, c’est que la rencontre avec son âme sœur peut se produire n’importe quand. Pire même : que cette âme sœur peut se trouver en n’importe qui...

Cela faisait quelques mois à peine que Faith avait mis un terme à son histoire avec Kylian, lorsqu’elle fi, en octobre 2195, une rencontre qui allait changer sa vie, et une partie de sa vision du monde. Lorsqu’elle repense à ce jour, elle n’est pas en mesure de dire pourquoi elle n’a pas essayer de tuer Lewis. L’occasion était pourtant rêvée : le duo était seul dans une petite ruelle. Mettre à mort le fils Austin aurait pourtant été un moyen idéal de faire payer à Jack le prix des vies de falnaëns qu’il avait pris. Alors pourquoi n’a-t-elle pas essayé de le tuer ? Ou pourquoi n’a-t-elle pas tourné les talons ? Pourquoi a-t-elle laissé la conversation perduré ? Pourquoi l’entretenait-elle ? Pourquoi a-t-elle aimé en apprendre un peu plus sur lui ? Pourquoi n’a-t-elle cessé de penser à lui, de vouloir le rencontrer à nouveau ?

Suite à cette rencontre imprévue, dès qu’elle allait en ville, elle observait les environs, le cœur battant, désireuse de le revoir, mais incapable de l’assumer. Elle ne pouvait pas, elle ne voulait pas, car elle ne devait nullement être attirée par lui. Elle tenta de feindre l’indifférence lorsque leurs routes se croisèrent à nouveau, alors qu’intérieurement, elle jubilait. Elle en ressortait toujours avec un immense sourire aux lèvres. Sourire que ne manquait jamais de remarqué Nyla, qui, inlassablement, l’interrogeait. Au début, Faith ne lui dit rien, trop honteuse de dire à voix haute ce qu’elle pensait tout bas, ce qu’elle n’osait pas penser : que plus elle le voyait, plus il lui plaisait, plus elle découvrait en lui quelqu’un bien différent de l’image qu’il projetait. Ce fut après leur premier baiser qu’elle se fit une raison : elle était amoureuse. Et ça, c’était tout sauf une bonne idée. C’est la raison pour laquelle, une fois descendu de son nuage, elle demanda conseil à Nyla. La pacifiste se fit la voix de la raison. Malheureusement, Faith n’a jamais été du genre à écouter la voix de la raison, et encore moins lorsqu’il s’agissait de sentiments. Non pas qu’elle n’en avait pas envie : elle se doutait qu’elle faisait n’importe quoi. Mais elle était déjà incapable de rester éloignée de lui.

Elle le vit donc, dans le plus grand secret : Nyla et Cian n’étaient même pas au courant. Ils n’en prirent conscience qu’un mois après, et uniquement car ils étaient très observateurs : Faith était à présent incapable de se rendre sur la tombe de sa mère, alors qu’elle avait pour habitude de s’y rendre souvent. Ce fut même April qui les inquiéta de la situation : dès que quelqu’un mentionnait Eden, Faith ressentait une énorme culpabilité. Inutile de décrire à quel point ils désapprouvèrent cette histoire. En fait, ils ne l’acceptèrent qu’à partir du moment où ils prirent conscience que Faith était réellement amoureuse. Et qu’elle l’était sans nul doute bien plus qu’elle avait pu l’être jusqu’alors. Cependant, ils lui conseillèrent d’être prudents, ne craignant que trop que Lewis se joue d’elle, afin d’obtenir des renseignements sur le Falnaë. Avec le temps, ils en vinrent à accepter la situation. Surtout parce que Faith réussi à les convaincre sur le fait que Lewis était amoureux aussi. Néanmoins, ils ne cessèrent d’avoir leur amie à l’œil. Au cas om...

Cette histoire fut la plus courte de toutes celles que connu Faith. Et pourtant, ce fut la plus intense, et incomparable avec les autres. Cependant, une partie d’elle savait que ça ne pouvait pas durer, que tôt ou tard, la réalité s’imposerait à eux : ils ne pouvaient s’aimer. C’était trop dangereux pour eux. Cette révélation, ce fut Lewis qui l’eut en premier, après qu’elle lui ait révélée être enceinte. Il mit un terme à leur histoire, prétendant que c’était pour leur bien, à tous deux. Alors comment expliquer que cette décision brisa littéralement le cœur de Faith, lui causa une douleur telle qu’elle eut l’impression de revivre la mort de sa sœur, de perdre à nouveau une part d’elle-même ?
Pétrifiée : voici comment Faith était les jours qui suivirent cette rupture. Incapable de bouger, incapable de penser, incapable de parler... Ses amis proches furent obligés de la secouer pour la faire revenir à elle. Mais comme on dit : « Tout ce qui ne tue pas nous rend plus fort. » Ce fut le cas pour Faith. Du moins, elle tâcha d’en ressortir plus forte. Et elle donna l’impression que c’était bel et bien le cas. Faith a toujours été douée pour duper les gens, du moins, ceux qui ne lui sont pas vraiment proches. Car intérieurement, elle était brisée. Encore une fois. A croire que ça devenait une habitude pour elle : une plaie guérissait tant bien que mal, et une autre s’ouvrait. Et ainsi de suite.

En dépit des conseils que son entourage lui donna quant à la suite à donner à cette grosses, Faith choisit de ne pas les écouter. Parce qu’elle était incapable de tuer un être innocente. Parce qu’elle était incapable de tuer tout ce qui lui restait de Lewis à présent. Rares furent les personnes à comprendre son choix. Choix dont elle ne fit même pas part à Lewis, bien décidée à ne plus le revoir. Après tout, c’était ce qu’il lui avait comprendre qu’ils devraient faire, à présent...

Son histoire avec Lewis ne l’ayant jamais détournée de son groupe, Faith avait préparée, avant cette rupture, une mission importante qu’elle devrait menée avec Kylian. Mission qu’elle décida de maintenir. Car elle était importante pour le Falnaë. Car seuls Kylian et elle s’y étaient préparés. Parce que la refuser obligeraient les rebelles à la repousser, afin qu’un autre binôme soit prêts. Voici exactement ce que Faith expliqua à son père, lorsque le groupe apprit pour sa grossesse, et que le télépathe tâcha de lui faire entendre raison. Mais Dorian savait que Faith avait raison. Qu’elle serait prudente. Que Kylian veillerait sur elle. Qu’ils étaient les meilleurs pour la réussir. Qu’ils feraient tout pour la mener à bien. Et ce fut le cas. Des espions du Xeryl parvinrent à retrouver leur trace, même s’ils avaient quitté Naëris. La mission étant en péril, le duo prit une décision radicale : s’effacer la mémoire, pour oublier ce qu’ils avaient fait, et change d’apparence physique, afin de ne pas être reconnu. Et quand bien même on les reconnaîtrait, on ne pourrait rien tirer d’eux. N’allez nullement imaginer que cette décision fut facile à prendre pour Faith. Elle aime sa famille. Profondément. Elle a sacrifié sa vie pour eux. Sa liberté. Alors, se faire à l’idée qu’elle ne les reverrait probablement jamais, ça avait été difficile à accepter. Autant que de se dire qu’elle pouvait très bien les croiser à nouveau sans les reconnaître, et sans qu’ils ne soient capable de la reconnaître également. Il est préférable de ne pas évoquer la difficulté que cela représentait pour elle que d’oublier Lewis. Et toutes ses autres blessures. Faith a toujours préférée assumer ses blessures, même si c’est loin d’être une partie de plaisir...

Seulement, rien ne se passe jamais comme prévu. Le binôme revint à Naëris. Retrouva la mémoire. Récupéra son apparence physique. Faith ignore à quoi tout ça est dû. Une suite de mauvais hasard ? Une trahison des mutants qui leur ont effacés la mémoire et modifiés l’apparence ? Très bonne question... Tout ce que Faith sait, c’est qu’elle aurait préféré ne jamais revenir à Naëris, car trop de choses avaient changées....
Le choc fut total pour Faith. Son père avait disparu. Sa meilleure amie était morte. Comment les choses avaient-elles pu déraper autant que ça ? Pourquoi n’avait-elle pas été là pour essayer de les sauver ? Elle avait manqué à sa mission, à sa tâche de veiller sur eux. L’oubli avait été une décision douloureuse à prendre, mais le retour à la réalité était une immense claque.

Une chose qu’elle ne regrettait pas : avoir refusé d’avorter. Elle avait à présent d’adorables jumeaux. Qu’elle était bien décidée à préserver de la folie de Naëris. Et pour ce faire, il lui fallait mettre enfin un terme au règne de Jack Austin. Et parvenir un jour à se confronter à Lewis, en tâchant de garder à l’esprit qu’à partir de maintenant, ils étaient ennemis. Ce qu’ils n’auraient jamais dû cesser d’être l’un pour l’autre. C’est sans doute pour se convaincre de ça qu’elle s’est laissé séduire par Liam Delray, un séduisant scientifique. La mutante se doutait bien qu’il lui faudrait tourner la page. Cependant, ce qu’elle ignorait, c’était qu’elle risquait de se faire prendre à son propre piège, en commençant peu à peu à apprécier Liam. En s’obligeant à lui laisser une chance. Car elle a réalisé qu’elle n’aura jamais la liberté qu’elle cherche à offrir à Naëris : celle de vivre sa vie comme ils le souhaitent. Car si elle est libre dans les faits, son cœur, lui, ne l’est pas. Son esprit ne l’est pas non plus : jamais elle ne pourra quitter le Falnaë. Et c’est sans nul doute tout cela qui lui bouffe le plus la vie...