Histoire

Axelle s'assit sur le fauteuil moelleux de son salon. Elle passa sa fine main sur le tissu pourpre et se lova au milieu des quelques coussins en se laissant complètement aller, utilisant son autre main pour dégager son front des quelques mèches rebelles qui échappaient à l'élastique qui retenait sa chevelure blonde en un chignon lâche. Elle soupira d'un air las, fatigué, blasé. Elle avait eu une dure journée aujourd'hui. La nuit dernière, elle avait passé une nuit mouvementée à la discothèque où elle exerçait le métier de serveuse.  Parfois, Axelle trouvait des clients qui venaient se désaltérer précisément au bar qu'elle tenait un peu lourd. Par exemple, ce mec qui avait essayé de la draguer la veille-même. D'habitude, elle ne disait jamais non à une bonne partie de jambe en l'air pendant une bonne partie de la nuit, mais là, c'était différent. Elle travaillait. En plein milieu de son service. Et elle était débordée de tous les côtés. Mais quel diable les avait touché pour qu'ils s'entassent tous sur le comptoir de la jolie mutante ? Après tout, elle n'était pas la seule jolie serveuse dans les environs. Elle avait tourné la tête à droite, dévoilant son profil parfait à cet autre jeune homme d'environ son âge, ou peut-être dix-neuf ans tout au plus, qui avait tenté de lui faire du charme vainement. Elle voulait bien tous les prendre, un par un et avec plaisir (quoi que, elle avait prévu de rejoindre Dylan cette nuit là..), mais pas pendant ces heures de travail. Elle pouvait apercevoir l'autre bar d'où elle était, mais c'était un jeune homme qui se trouvait derrière le comptoir. Elle s'était nerveusement mordillée la lèvre inférieur, tournant la tête à gauche. Sa collègue n'était pas là. Bon, elle retirait ce qu'elle avait dit : elle était bel et bien la seule jolie serveuse à draguer dans le coin. Elle avait soupiré d'un air agacé, levé les yeux en voyant un autre boulet lui faire des signes de main puis, se reprenant vite et avec le sourire, elle avait continué de servir boissons alcoolisées ou non (pour très peu de gens, ma foi..) aux clients.

Tout en se remémorant les bons souvenirs de la nuit-même en compagnie de Dylan, son sexfriend adoré qu'elle appréciait particulièrement. C'était lui qui l'avait repéré comme pickpocket et que l'avait doublement engagée : dans sa boite de nuit et dans son agence secrète de voleurs. Au fil du temps, ils s'étaient extrêmement rapprochés, jusqu'à prendre l'habitude de coucher ensemble. Au final, ils paraissaient tellement proches que les gens avaient fini par les croire en couple, ce qui les faisait beaucoup car pour eux, c'était purement de l'attirance physique et aucun sentiment amoureux ne venait mettre son nez là-dedans. Un léger sourire à mi-chemin entre la satisfaction et l'amusement se dessina sur les lèvres d'Axelle. Même si elle savait que Dylan couchait avec elle surtout pour tenter d'oublier une jeune femme dont il s'était épris, elle aimait beaucoup les moments qu'elle passait avec son Dydy, comme elle aimait le surnommer pour l'agacer, le taquiner. Puis, sa mémoire s'arrêta sur la récente dispute avec sa belle-mère. Encore et toujours cette maudite femme. Si elle avait l'espoir qu'un jour, elle pourrait vivre en paix avec l'aînée des jumelles Sullivan, elle pouvait s'enfoncer le doigt dans l’œil jusqu'au coude, la réponse était : jamais. Au début, elle avait eu beaucoup de mal à accepter le re-mariage de son père avec cette femme, tout comme sa sœur qui à la base, était de son côté, ainsi que son actuel demi-frère Néo, le fils de Maëlle, avec qui les jumelles avaient beaucoup sympathisé : les trois jeunes gens étant purement contre le re-mariage de leur parent respectif, ils s'étaient alliés et avaient décidé de montrer clairement à leur parent qu'ils n'étaient pas d'accord et qu'ils avaient leur mot à dire. Au final, Zoélie avait fini par accepter le mariage et avait entraîné les deux autres enfants avec elle, mais Axelle n'avait jamais été très proche de sa nouvelle belle-mère, qui se prenait un peu trop pour.. leur mère, à son gout. Elle soupira bruyamment en levant les yeux au ciel tout en se remémorant les événements mouvementés entre elle et sa belle-mère pendant la matinée. Elle ne supportait plus cette femme avec qui elle partageait pourtant son toit. Axelle s'enfonça un peu plus dans le coussin moelleux, portant ses mains à ses cheveux pour les détacher de l'emprise de l'élastique. Elle secoua la tête, ses cheveux au vent. Il y avait ensuite eu cette visite chez Néo, son demi-frère âgé de deux ans de plus qu'elle et avec qui, souvenez-vous, elle s'était alliée pendant leur jeunesse afin de séparer leur parent. Aujourd'hui, ils s'entendaient très bien, comme des frères et sœurs, et le fait que Néo et Zoélie soient sortis ensemble pour finalement se séparer n'a pas nui à leur amitié, au contraire : désormais, c'était elle qui venait donner des nouvelles de sa jumelle à son ancien amant, qui s'inquiétait beaucoup pour Zoélie étant encore éperdument amoureux d'elle. Axelle ne comprenait d'ailleurs pas vraiment les raisons que Zoélie mentionnait pour expliquer leur soudaine séparation, mais elle en voulait un peu à sa soeur de laisser Néo dans un état pareil.. Surtout qu'Axelle était persuadée que de son côté, Zoélie aussi ressentait encore des sentiments forts pour le jeune homme. Tout cela la fatiguait un peu, d'ailleurs. Pourquoi l'amour, c'était toujours aussi compliqué ?

Puis les images d'une autre récente dispute s'invitèrent dans l'esprit de la jeune fille : une confrontation avec Zoélie, sa jumelle. Elles étaient si différentes.. D'ailleurs, Axelle ne comprenait pas comment des jumelles pouvaient avoir des caractères aussi opposés. Zoélie était studieuse alors qu'elle était je-m'en-foustime. Elle adorait la fête mais Zolie préférait de loin les études. Trop de différences, elles étaient incompatibles. Pourtant, Axelle aimait sa jumelle, naturellement. Elle restait avant tout sa sœur, malgré les nombreuses disputes et les nombreux désaccords. Et encore, cette après-midi, les jumelles n'avaient pas vraiment haussé le ton, Axelle était généralement de sang chaud, encore plus lorsqu'elle rentrait de soirée ou lorsqu'elle avait passé une bonne nuit en compagnie de Dylan.. Généralement, les disputes terminaient en crises de larmes et de rage pour les jumelles, ce qui était fort dommage.. Mais cette fois-ci, Axelle n'était pas d'humeur à trop se prendre la tête et à se fatiguer plus qu'elle ne l'était déjà pour sa jumelle. Elle disait stop maintenant. Marre de cette guerre entre tous les Naërisians qui commençait à pourrir la vie pourtant si joyeuse auparavant de la ville. Marre de toutes ces disputes entre filles qui lui broutaient sérieusement le choux. Marre de cette maladie qui, bientôt, elle le savait, allait la pourrir le l'intérieur et surement lui arracher la vie. Mais la vie est belle, il ne faut pas l'oublier. 


+++ Axelle et Zoélie ont quatre ans.
Encore un repas assez tendu chez les Sullivan. Axelle, la plus âgée des jumelles, dégustaient ses carottes rappées avec un étrange émerveillement et une attention qu'on ne lui connaissait, un sourire dévoilant ses dents du bonheur écartées aux lèvres, les mains pleines de ketchut -elle refusait catégoriquement d'avaler le moindre aliment sans ketchup..- et ne semblait pas remarquer les dures expressions de visage qu'abordaient ses parents et l’atmosphère tendue du déjeuner. Elle était d'ailleurs la seule à rigoler pour un oui ou pour un nom, à faire des grimaces pour amuser sa sœur et à s'agiter sans raison. Zoélie, l'intelligente et prudente Zoélie, elle, semblait remarquer que ses parents étaient en froid. Elle les observait en faisant la moue, comme pour les supplier de se calmer, juste pour lui faire plaisir. Zoélie avait toujours été plus calme qu'Axelle, beaucoup moins turbulente, ce qui était la cause de plusieurs crêpages de chignon entre les jumelles. Axelle ne vivait que pour l'amusement, préférait amplement jouer au ballon, au trampoline, à la corde à sauter ou tout simplement au loup plutôt qu'au mémori, triominos, ou tout autre jeu de société qui nécessitait de s'asseoir sur une chaise et de ne plus bouger. C'était d'ailleurs pourquoi Axelle avait tendance à passer plus de temps avec leur père, et Zoélie plus avec leur mère. « Tu ne te rends pas compte que tes filles ont besoin de toi, Katy ! » S'exclama alors Nathaniel Sullivan, dévisageant sa femme en soupirant bruyamment, à mi-chemin entre agacé, énervé et inquiet. Les jumelles se contentaient de suivre la conversation, sans vraiment en comprendre le contenu. Katherine, ou plus souvent surnommée Katy par ses proches, semblait presque gênée, honteuse, et, n'osant pas affronter le regard de son mari, baissa les yeux. « Tu ne peux pas comprendre ce que je ressens Nate ! Je ne veux pas voir mes filles grandir avec ce fardeau, je ne veux pas qu'elles s'attachent trop à moi.. » On sentait dans la voix tremblante de Katherine de l'hésitation, un peu de peur aussi. Ses yeux clairs brillaient, et les commissures de ses lèvres tiraient malheureusement vers le bas. Encore un mot et elle craquait.  « Katherine, j'ai besoin de toi.. » Supplia le père Sullivan, adressant un regard rempli de tristesse et de pur désespoir à sa douce épouse.  « Je suis désolée Nate, je n'ai pas le choix.. Mon choix est pris, je.. Je.. » Les mots n'arrivèrent plus à passer ses lèvres, et c'est les yeux de Katherine emplis de larmes, des perles salées roulant sur ses joues, que les jumelles virent leur mère quitter précipitamment la table pour quelques secondes ensuite entendre la porte d'entrée claquer avec bruit. Ce qu'elles ne savaient pas, c'était qu'actuellement, leurs parents étaient en pleine procédure de divorce.

+++ Axelle et Zoélie ont cinq ans.
« Zoélie, on va faire du vélo ? » Axelle s'arrêta un instant de tourner sur elle même pour lancer un regard rempli d'espoir à sa jumelle Zoélie, tranquillement assise sur le canapé tout en regardant un épisode de son dessin-animé préféré sur l'écran de télévision. Une activité relativement trop calme pour Axelle. Zoélie ne détourna même pas les yeux et donna comme toute réponse à sa sœur une grimace crispée. Déçue, Axelle reprit ses tours sur elle-même, lui donnant le tournant, ce qui l'intriguait et la faisait rire plus qu'autre chose. Quelques instants plus tard, à nouveau, elle se stoppa pour regarder exactement de la même manière celle qu'on appelait plus souvent Zoey. « Alors on joue aux ninjas ? Aux super-héroïnes ? Aux spiderwomans ? Oh non je saaaaaais ! AUX WINX ! » Un sourire radieux se dessina sur les lèvres de la jeune enfant tandis qu'elle entreprit de chanter la chanson du générique de cette émission féerique qu'elle affectionnait tout particulièrement. Virevoltant dans le salon, manquant de tomber à plusieurs reprises, elle rayonnait. Ses yeux brillaient et rien qu'en la regardant, l'envie de se joindre à elle venait nous titiller. Elle inspirait la joie, le bonheur incarné. Zoélie ne put s'empêcher de soupirer, lassée du comportement turbulent, bruyant et trop enfantin de sa jumelle. Les Winx.. C'était bien mieux de s'inventer un rôle de princesse et de danser dans le vide avec un pseudo-prince charmant. Bien plus posé, plus reposant, plus rationnel. « Mais tais toi Axelle, j'entends rien ! » Grommela en lançant un regard noir à sa jumelle. Encore plus déçue, c'est avec regret qu'Axelle quitta la pièce sans même prendre la peine de détourner les yeux vers Zoélie. Qu'est-ce qu'elle pouvait être agaçante parfois ! C'était toujours ainsi entre les jumelles. Je t'aime mais tu m'agaces.

+++ Axelle et Zoélie ont six ans.
C'était une journée comme les autres pour les jumelles Sullivan. Enfin, presque comme toutes les autres. Aujourd'hui, le père d'Axelle et Zoélie accueillait une bonne amie pour dîner, ainsi que ses deux fils légèrement plus âgés que les deux petites blondes. Axelle appréhendait un peu la rencontre avec cette femme qui faisait beaucoup parler leur père. Depuis le divorce de ses parents, la jeune enfant acceptait peu que son père côtoie d'autres femmes, même par simple et pure amitié. Elle avait tellement peur qu'un jour, il remplace sa mère, même si c'était bien cette dernière qui avait quitté la maison de son propre gré.. Pourtant, pour une fois, elle s'était laissée faire en apprenant qu'un jeune garçon de deux ans de plus qu'elle ainsi que son frère allaient leur rendre visite et elle avait même accepté d'enfiler une robe, chose vraiment exceptionnelle pour la blondinette qui ne supportait tout simplement pas tout ce qui se rapprochait un peu trop du style féminin, au contraire de Zoélie dont sa garde-robe ne comptait justement presque que de ça. C'était tellement mieux un pantalon et un tee-shirt. Tellement plus confortable. C'était donc aussi excitée que méfiante qu'Axelle se dirigea en trottinant vers la porte d'entrée en bois foncé de la maison, après avoir entendu raisonner la sonnette. « Bonjour, euh.. Zoélie ? » Axelle releva le regard pour poser ses yeux sur la grande femme qui venait visiblement de s'adresser à elle.. en se trompant. Elle devina alors très vite qu'il s'agissait de celle que son père nommait Maëlle. C'est vrai qu'elle était particulièrement belle, grande, brune et rayonnante. Cependant, Axelle ne réussit pas à lui rendre son sourire, et ne se préoccupa même pas de savoir si la brune ténébreuse l'avait mal pris ou non. Elle ne lui inspirait pas confiance. Et lorsque Axelle se méfie de quelqu'un, elle ne fait pas les choses à moitié. « C'est Axelle. » Déclara-t-elle simplement d'une voix étrangement monotone, contrastant subitement avec son enthousiasme et sa joie habituelle. Ne réussissant pas à décoller son regard du visage mi-crispé, mi-souriant, purement faux selon la jeune Sullivan présente, de l'amie de son père, Axelle ne remarqua même pas qu'un jeune homme blond comme les blés venait de faire son entrée dans la maison, suivi d'un autre garçon à la même chevelure qui croisait les bras, ni souriant ni chaleureux, qui pouvait avoir quatre ou cinq ans de plus que le premier. Elle se décida enfin à détourner les yeux puis, en croisant le regard du plus jeune damoiseau, un large sourire se dessina sur ses lèvres, devinant qu'il s'agissait logiquement des fils de Maëlle. Le premier garçon lui sourit à son tour. « Je m'appelle Néo ! » Les yeux d'Axelle brillaient. Néo. Elle trouvait ça si joli. C'était décidé, ce garçon là allait devenir son ami. Elle lui sourit à nouveau, tournant son regard noisette pour le poser sur le deuxième jeune garçon. Il paraissait purement agacé, lassé.. ennuyé. Axelle inclina légèrement la tête, fixant le blondinet avec intérêt, curieuse de savoir pourquoi tant de nonchalance. « Et toi, tu t'appelles comment ? » Demanda Axelle d'un ton curieux, nullement teinté de méchanceté. Elle n'avait pas décidé d'être désagréable avec le garçon, qui adoptait pourtant un comportement qui pourrait rapidement l'énervait, vu le caractère plutôt explosif de la petite.. Le blond lui lança un regard noir, serrant la mâchoire. « Judicaël. » Et il entra dans la maison à la suite de sa mère, partant à la rencontre de Nathaniel qui venait de quitter la cuisine.

+++ Axelle et Zoélie ont six ans.
« Dépêche toi Axelle, maman nous attend ! » S'écria Zoélie en arrivant devant la porte d'entrée toute en verre du nouvel immeuble de leur mère. Suite au divorce avec son ex-mari, Nathaniel Sullivan, Katherine avait déménagé au septième étage de cet immeuble grisâtre, peu joyeux, ou autrement dit, ne reflétant absolument pas le caractère de la belle adulte. Mais Katherine n'avait pas eu le choix : il fallait bien l'avouer, elle ne roulait pas vraiment sur l'or et n'avait pas trouvé d'appartement qui convenait à ses attente, rentrant dans son mince budget et avec en bonus, un cadre et une vue agréable. Légèrement impossible. Elle avait pris l'habitude de recevoir les jumelles trois fois par semaine : le Mardi soir, le Jeudi soir et toute la journée du Samedi. Le reste du temps, Axelle et Zoélie étaient chez leur père. D'ailleurs, elles y vivaient beaucoup plus qu'au début du divorce, les jumelles n'avaient pas vraiment compris. D'après leur père, c'était Katherine qui souhaitait moins les voir, car elle manquait trop de temps avec son travail et toutes ses autres préoccupations. Les jumelles n'avaient pas contesté. Et de toute façon, que pouvaient-elles faire ? Elles pouvaient encore voir leur mère, qu'elles aimaient bien évidemment autant que leur père, et c'était le principal à leurs yeux. Axelle quitta la voiture en courant, faisant des grands signes de mains à son père qui venait de les déposer devant l'immeuble, après avoir passé un coup de fil à son ex-femme en la prévenant que ses deux filles, ses deux « petites démones », comme il aimait les surnommer, la rejoignaient dans quelques minutes tout au plus. C'est avec un sourire radieux sur les lèvres que les jumelles quittèrent l'ascenseur en compagnie de leur mère, se dirigeant vers le bout du couloir où se trouvait son appartement. Katherine était heureuse de retrouver ses filles et c'était toujours avec la même émotion qu'elle les accueillait, consciente qu'à n'importe quel jour, elle pouvait les quitter, comme elle avait quitter Nathaniel, mais d'une façon disons plus.. rapide et radicale. Cette maladie la bouffait de l'intérieur, elle n'en pouvait plus. Elle se sentait mal dès qu'elle commençait à s'attacher un peu trop à quelqu'un. Mais elle avait décidé de profiter un maximum de ses filles tant qu'il en était encore temps. Le repas était prêt, la table était mise et aussitôt arrivées, les jumelles s'installèrent les pieds sous la table. Leur mère leur servit des pâtes et s'installa à son tour. Comme tous les midis, elle sortit des médicaments de sa poche et en avala deux tout en s'aidant de quelques gorgées d'eau. Toujours aussi intriguée, Axelle pencha légèrement la tête sur le côté, fixant les petites pilules avec intérêt. « Maman, pourquoi tu prends ces médicaments ? » Elle connaissait déjà la réponse. Sa mère était toujours bien trop mystérieuse sur cela, elle leur disait simplement qu'elle était malade. Comme Axelle s'y attendait, Katherine lui répondit que c'était car elle en avait besoin. Axelle soupira d'impatience. « Ça fait longtemps que tu es malade maman.. » Soupira Axelle. Zoélie restait muette, consciente que ce sujet faisait un peu de peine à leur mère. Elle était observatrice, elle l'avait remarqué. Alors, elle se taisait, laissant sa jumelle poser les questions. Katherine secoua légèrement la tête. Elle devait prendre un choix rapidement : continuer de mentir à ses filles ou tout simplement leur dire la vérité et les mettre en garde contre leur tragique destin ? Elle estimait que c'était le moment. Plongeant son regard dans celui de l'aînée de ses jumelles, elle lui adressa un sourire presque navré.  « Je pense qu'il est temps de vous dire la vérité, mes chéries.. Je suis malade, en effet. Mais gravement malade. Je risque de.. mourir.. de cette maladie. » Les mots avaient du mal à se décoincer de sa gorge et à franchir ses lèvres, elle sentait les larmes lui monter aux yeux. Cette fichue maladie. Elle lui prenait tout. Son mari, son bonheur, bientôt sa vie et peut-être même ses filles qui risquaient de finir dans une situation similaire. Elle balança sa tête en arrière, fermant ses paupières pour inspirer un bon coup.  « Et vous aussi, plus tard, vous risquez d'être malade.. Comme moi. » Murmura-t-elle en reposant son regard sur les jumelles. Si Axelle ne comprenait pas tout, il y avait bien une chose dont elle était sûre : ce que lui disait sa mère était grave, très grave. Et elle ne pouvait pas imaginer à quel point elle ferait mieux de se méfier, car effectivement, cette maladie n'allait pas tarder à se manifester..

+++ Axelle a sept ans.
Axelle baissa la tête, honteuse. Elle ne voulait pas en arriver jusque là, elle avait fait une bêtise, elle l'avait compris, mais de là à être convoquée chez le directeur, elle trouvait cela un peu abusé.. Après tout, ce n'était que des cartes Pokémon, ce petit morveux de sa classe pouvait toujours s'en racheter. D'habitude, lorsqu'elle volait quelque chose à un camarde de classe, elle ne se faisait pas prendre aussi facilement. Elle était très douée pour mentir, trouver des excuses valables et s'en tirer sans aucune sanction. Elle n'avait pas été très vigilante sur ce coup là, et le garçon l'avait prise la main dans le sac, avait signalé le vol au professeur qui en avait lui-même parlé au directeur de l'école en personne. Résultat, elle se trouvait dans le bureau de Mr Clarks, en compagnie de son père, qui la regardait d'un air à mi-chemin entre déçu et énervé, tandis qu'elle était en train de se préparer psychologiquement à la double-punition qui l'attendait une fois rentrée chez elle. Fin de journée horrible, et ce n'était que le début. « J'espère qu'Axelle a bien retenu la leçon et qu'elle ne recommencera donc pas. » Axelle n'osa même pas relever le regard vers le sévère directeur et prendre son courage à deux mains pour l'affronter des yeux. Elle se sentait complètement nulle. Pas d'avoir volé, non, ça, elle en était plutôt fière, mais de s'être fait prendre aussi bêtement. « Je tâcherais de garder un œil sur elle désormais.» Déclara Nathaniel Sullivan en lançant un regard rempli de sous-entendus à sa fille, qui se mordilla nerveusement la lèvre inférieure. « Très bien, dans ce cas, je vous souhaite une bonne soirée Mr Sullivan. » Les deux hommes se levèrent et se serrèrent poliment la main. Puis, le père Sullivan quitta le bureau du directeur, suivi de près par sa fille aînée. Le trajet fut long et silencieux, et pour la première depuis bien longtemps, une atmosphère tendue régnait entre le père et la fille. « Tu es punie de télé, de console et d'ordinateur pour deux semaines. Et encore, je suis gentil, je te laisse aller à l'anniversaire de ton amie demain.. Que ça ne se reproduise pas. » Le ton était ferme et autoritaire, Axelle ne put rien répliquer. Nathaniel se gara devant la maison en silence, puis, la mâchoire serrée, rentra dans la maison. Axelle se promit de ne plus jamais se faire prendre quand elle était en train de voler..

+++ Axelle et Zoélie ont huit ans.
Les maths, c'était vraiment pas son truc à Axelle. La sonnerie marquant la fin de la matinée venait de retentir et tous les élèves s'étaient précipités vers le bureau du professeur pour rendre leur contrôle avant de sortir en courant pour prendre l'air. Axelle était la dernière, comme à chaque fois à la fin d'une évaluation. Elle n'était franchement pas contente d'elle, encore une fois, et pourtant, elle savait que ce contrôle avait beaucoup d'importance. Elle avait promis à son père de ne plus voler et de se consacrer un peu plus à l'école et d'être plus sérieuse dans son travail à la maison. « Tu devrais prendre exemple sur Zoélie ! » Avait râlé son père tout en préparant la pâte à crêpe, près d'un an auparavant, en rentrant de ce rendez-vous chez le directeur dont Axelle se souviendrait toute sa vie tellement le moment avait était horrible. Zoélie était parfaite, toujours, de toute façon ! Elle soupira en rendant sa copie au professeur avant de quitter la salle de classe en lançant un léger « bon appétit » respectueux. Une fois arrivée dans la cour de récréation, elle rejoignit ses amis (la plupart étant des garçons) mais elle n'eut pas le temps de faire grand chose. En effet, à peine avait-elle posé le pied en bas de l'escalier, elle entendit un cri de douleur qu'elle aurait pu reconnaitre entre milles : c'était sa jumelle. Aussitôt, ses sens furent en éveil et elle accourut auprès de Zoélie qui se tordait de douleur au sol. Mrs Dalmasso, la maîtresse, était déjà penchée au dessus de la jeune blondinette, mais ne faisait étrangement rien. Axelle, énervée par le comportement de l'adulte et en même temps affolée par les cris de sa sœur, poussa la vieille dame, plus souvent surnommée vieille peau dans son esprit, et s'agenouille auprès de Zoélie. Elle eut un mouvement de recul en voyant que les plaies de sa jumelle se refermaient petit à petit, et qu’apparemment, ce n'était nullement douloureux, au contraire. Elle releva les yeux vers sa sœur, étonnée. Comment avait-elle fait ça, à nouveau ? Oui, car ce n'était pas la première fois. Axelle se souvint alors de ce jour d'été, il y a environ un an, peut-être un peu moins, alors qu'elles étaient parties en vacances avec leur mère, près d'un lac pur à l'eau claire, entouré d'une forêt où les deux Sullivan s'étaient aventurées discrètement. Zoélie était tombée dans un buisson de ronces et avait beaucoup saigné ce jour là. Il s'était passé le même phénomène qu'aujourd'hui, et par la simple force de sa volonté, de sa douleur, de son esprit, en réalité, Axelle n'en avait pas la moindre idée de la manière dont sa jumelle s'y prenait pour effectuer ce petit exploit, Zoélie avait réussi à guérir ses blessures. Axelle aida alors Zoélie à se relever, sous le regard choqué et horrifié de la vieille peau, que la plus rebelle des jumelles Sullivan lui rendit par un regard noir. Qu'attendait-elle pour aider une élève qui avait besoin de secours ? Vraiment rien dans la cervelle. Axelle remarqua alors qu'un cercle d'élèves c'était formé autour d'elles, comme si Zoélie était soudainement devenue une bête de cirque. Axelle les gratifia tous du même regard que celui qu'elle avait fait à Mrs Dalmasso, et tout particulièrement à Maya, cette petite peste qui était malheureusement actuellement sa voisine de classe et qui vouait une haine inexpliquée aux jumelles Sullivan. Elle ne se gêna d'ailleurs pas pour humilier un peu plus la plus jeune des deux, la traitant ouvertement et devant les adultes de monstre. Axelle serra les dents, gardant sa jumelle en pleurs près d'elle. Elles devaient se montrer solidaires, c'était leur dernière arme à présent, l'amour qui les unissait, malgré leurs nombreuses disputes. Car malgré tout ce qu'elle pourrait dire, dans une situation aussi critique, Axelle serait incapable de laisser sa jumelle ainsi, aussi mal. Alors que la Maya-l'abeille continuait de cracher des insultes, Axelle explosa. Littéralement. Elle se jeta sur la fillette, mais elle n'eut que le temps de l'effleurer, car un professeur plus grand et plus robuste qu'elle la rattrapa au dernier moment. Soudain, la petite peste hurla de douleur. Axelle lui lança un regard étonné et remplit de mépris et de dégout. Elle eut à nouveau un léger sursaut. Les croutes presque cicatrisées sur le genou de Maya saignaient abondamment sans que personne ne l'ai touché. « Ne les approchez pas ! Ce sont des sorcières ! » Hurla la blessée en pointant du doigt les jumelles. Axelle sentit le cercle s'éloigner autour d'elle, les murmures courant entre les élèves, alors qu'elle se débattait encore en vain contre le professeur pour régler une bonne fois pour toute le compte à cette garce..

+++ Axelle et Zoélie ont dix ans.
« Tu n'étais pas d'accord toi non plus ! » Axelle était hors d'elle. Comment sa jumelle pouvait-elle la laisser tomber ainsi, dans un instant où elle se sentait si trahie, lâchée par leur père ? Elles étaient très différentes, certes. Elles avaient chacune leurs problèmes, certes. Mais elles en restaient des jumelles et devaient être là chacune l'une pour l'autre et remplir leur devoir de sœur. Axelle n'arrivait pas à le croire. Zoélie était pourtant de la partie, au début, et partageait les mêmes idées que Néo et Axelle. Elle non plus n'était pas pour ce remariage entre leur père et Maëlle, la mère de Néo. Cette femme n'avait pas le droit de remplacer leur mère ! Axelle se sentait trahie. Par son père, par sa sœur. Elle était pourtant si proche de lui. Maintenant, elle se retrouvait seule face à ces deux adultes qui s'aimaient et qui souhaitaient refaire leur vie ensemble. Enfin, il y avait Néo, mais c'était encore différent. Il ne faisait pas directement parti de sa famille, et à cet instant, Axelle se sentait lâchée par ses proches. Les relations avec Zoélie ne s'étaient pas franchement arrangées depuis l'arrivée de Maëlle dans la famille, et encore moins depuis que son père avait annoncé qu'il voulait se marier avec cette dernière. Si, au début, Zoey prenait le partie de sa jumelle et n'avait, elle non plus, pas bien pris la nouvelle, rapidement, en voyant que son père était heureux avec cette femme, elle avait décidé de l'accepter. C'était surement ce qui les avait à nouveau éloigner. A leur huit ans, leurs relations s'étaient un peu améliorées, et si elles se chamaillaient toujours beaucoup, leur alliance avec Néo afin de séparer leur parent respectif les avait rapproché et elles avaient fait une brève trêve. Mais de nouveau, les choses dérapaient, à leur plus grand damne. Parfois, Axelle avait beaucoup de mal à comprendre sa sœur. Toujours le nez plongé dans des documentaires, encyclopédies, livres d'histoire ou classeur de maths. Franchement, ce n'était pas marrant. Quand les jumelles regardaient la télé ensemble, c'était toujours des animations d'expériences scientifiques ou de reportages sur des cadavres de morts qu'on avait retrouvé sur un site historique. Autrement, tout, sauf ce qui intéressait Axelle. Elle préférait nettement les dessin-animés, les films d'action et les émissions de science-fiction. Bien plus impressionnant et passionnant. C'était, après le remariage, leur principale cause de dispute : cette obsession de Zoélie pour les cours, et ce laxisme de la part d'Axelle. Elles étaient beaucoup trop différentes, et parfois, elles se demandaient même comment elles pouvaient être des jumelles. Zoélie soupira, exaspérée par le comportement enfantin et immature d'Axelle. « Mais ils s'aiment ! Tu ne veux pas comprendre, tu es égoïste, tu ne penses qu'à toi ! Si papa est heureux avec Maëlle, pourquoi veux-tu gâcher leur bonheur en tentant de les séparer ?! » Axelle lança un regard noir à sa jumelle. Elle n'était pas égoïste ! Elle pensait à leur mère, elle, au moins, alors que celle qui était censée être la plus proche de cette dernière était bien Zoélie. Ce fut à son tour de soupirer d'agacement. Leur père était parti faire les courses et Maëlle et Néo n'étaient pas à la maison, ce jour là, elles étaient donc libres de crier comme elles le voulaient sans risquer d'être entendues. « C'est toi qui comprends rien ! Cette fille veut remplacer notre mère ! Et papa n'a PAS LE DROIT de faire ça à maman ! Je pense à elle avant tout, contrairement à toi ! » S'écria Axelle en pointant un doigt accusateur sur Zoélie. Cette dernière, hors d'elle, marmonna quelque chose qu'Axelle ne comprit pas puis sortit de la chambre comme une furie. Axelle tapa violemment dans son coussin. Elle aimait beaucoup sa sœur, mais qu'est-ce qu'elle ne la supportait pas !

Spoiler:

+++ Axelle et Zoélie ont onze ans.
Axelle et Zoélie rentraient de l'école à pied aujourd'hui, n'habitant qu'à quelques pattés de maisons de leur nouveau collège, les deux filles commençaient à prendre de l'autonomie et leur père les autorisait désormais à rentrer seules. Axelle était devant, son cartable en bandoulière sur l'épaule, elle sautillait et sifflotait joyeusement en zigzaguant entre les arbres verdoyants. En cette fin d'après-midi de début de mois de Septembre, le soleil brillait et les oiseaux chantaient, en plus de sa bonne note de la journée en histoire, Axelle ne pouvait rêver une meilleure journée. Enfin son père allait pouvoir la féliciter comme il le faisait à Zoélie ! D'ailleurs, cette dernière faisait un peu la moue, car pour la première fois depuis bien longtemps, sa jumelle avait eu une meilleure note qu'elle, ce qu'Axelle n'avait cessé de répéter à longueur de temps depuis la remise de ce fameux devoir. C'est donc avec une grande longueur d'avance sur sa sœur qu'Axelle arriva à la maison la première. Elle déposa son cartable dans l'entrée et se déchaussa, jetant ses chaussures un peu n'importe où comme à son habitude, mais ce n'était pas grave puisque aujourd'hui, elle avait eu une bonne note. Elle était en quelque sorte immunisée. Enfin, d'après elle. Alors qu'elle traversait la cuisine pour se rendre dans le salon où son père devait surement être peinard devant un match de foot ou de rugby, elle se stoppa net près de la table en bois, endroit stratégique d'où on ne pouvait pas la voir depuis le salon, en entendant une voix qui lui était familière. « Nate, il ne faut pas t'en vouloir d'avoir envie de refaire ta vie avec quelqu'un d'autre, je suis sûre qu'en grandissant un peu plus, Axelle comprendra.. » Axelle reconnut aussitôt la voix douce qui sonnait pourtant si désagréablement aux oreilles d'Axelle. Qu'est-ce qu'elle faisait ici ? Ah oui, c'est vrai. Son père sortait avec cette femme. Elle fronça les sourcils lorsqu'elle comprit qu'ils parlaient d'elle. Son père était mal à cause d'elle ? Non, Maëlle devait surement tout inventer. « Je sais mais.. J'ai conscience à quel point c'est dur pour elle de me voir avec quelqu'un d'autre que Katherine, elle a peur que tu la remplaces et c'est compréhensible.. » Axelle sentait une réelle tension dans la voix de son père. Elle se mordilla nerveusement un ongle. Si elle était la cause de son désarroi, alors, elle devait faire en sorte que tout cela se termine sur le champ. Depuis quelques temps, la jeune blonde était en conflit avec ses deux demi-frères, Néo et Judicaël, avec qui elle était pourtant très proche, ainsi qu'avec Zoélie, encore plus que d'habitude, car elle était la seule à ne pas accepter le remariage de son père. Elle se braquait totalement. Elle pensait à sa mère, et puis, elle était convaincu que Nathaniel n'était pas heureux avec cette grande brune. Mais elle commençait à douter. Elle se souvint de l'émerveillement qu'il avait eu lorsque Zoélie lui avait annoncé qu'elle acceptait Maëlle dans la famille, et de la gratitude qu'il avait eu lorsque le tour de Néo et de Judicaël était venu. Il ne manquait plus qu'elle. Les deux adultes demeuraient silencieux. Elle serra la mâchoire et ravala sa salive. Elle savait ce qu'elle devait faire. Faisant demi-tour, elle constata lorsqu'elle fit irruption dans l'entrée que Zoélie était déjà arrivée et connaissant bien sa jumelle, elle monta aussitôt l'escalier quatre à quatre et toqua à la porte de sa chambre. Lorsque Zoélie lui autorisa à entrer, elle s'avança de quelques pas et prit une grande inspiration. « Zoey, je suis désolée. Voilà, je viens de surprendre Maëlle et papa en train de parler de moi et je me rend compte que je suis stupide de ne pas accepter leur mariage. Tu as raison. Tu m'pardonnes.. ? » Demanda-t-elle timidement en osant un regard à Zoélie. Cette dernière lui sourit puis se leva de sa chaise de bureau et la prit dans ses bras, à la plus grande joie d'Axelle.

+++ Axelle et Zoélie ont douze ans.
Il était vraiment rare qu'Axelle pleure par tristesse. Par douleur, c'était autre chose, car elle était la spécialiste pour se faire mal. On pouvait poser la question à tout son entourage, à part sa sœur, son père et peut-être sa mère, personne ne l'avait jamais vu pleurer. Enfin, sa mère, vous en avez pour vraiment très longtemps pour avoir une réponse, tout simplement car elle n'était déjà plus de ce monde. La maladie l'avait emportée dans le royaume l'au-de-là. Voilà comment les jumelles Sullivan, ainsi qu'un bon nombre d'autres personnes proches de Katherine, se retrouvaient toutes vêtues de noire dans un cimetière, où leur mère se faisait enterrée. De chaudes larmes roulaient sur les joues d'Axelle, qui se serrait le plus possible contre sa jumelle, qui elle aussi pleurait. Elle n'avait même pas eu le temps de lui dire qu'elle l'aimait. Lorsque Katy avait annoncé à ses filles qu'elle était gravement malade et qu'elle risquait de mourir, et qu'en plus de ça cette maladie était héréditaire et que les jumelles étaient donc touchées, ce n'était pas que Axelle ne l'avait pas cru, mais plutôt qu'elle ne l'avait pas assez prise au sérieux. Elle ne s'était pas préparée à l'éventualité et l'évidence de la mort prochaine de sa mère. Tout cela avait été si soudain, elle se rappelait encore parfaitement du moment où on lui avait annoncé le décès.. C'était à la sortie de l'école, un jour pluvieux, alors que les deux jeunes collégiennes attendaient patiemment leur mère devant le grand portail de l'établissement. Axelle serait incapable de dire ce qu'elle avait ressenti ce jour là. De la profonde tristesse ? Certainement. De la souffrance ? Surement. De la culpabilité ? Peut-être. Elle n'avait pas cherché à se souvenir, c'était trop dur. L'enterrement touchait à sa fin, les invités commençaient à se dissiper et Axelle était toujours auprès de sa sœur. Elle lui lâcha alors le bras et se rapprocha de la tombe de sa défunte mère. Une larme coula sur sa joue et tomba sur la pierre grise alors qu'elle s'agenouillait en fermant les yeux. « Au revoir, Maman. Je t'aime. »

+++ Axelle a quatorze ans.

+++ Axelle et Zoélie ont quinze ans, Néo a dix-sept ans.