Les Chroniques de Naëris
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Bienvenue dans le 22ème siècle, dans une ville en pleine guerre, qui n’attend plus que vous ... Serez-vous prêt à affronter votre avenir ? Le destin de Naëris est entre vos mains...
 
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Lewis Austin ♦ « – Je crois que j’ai ressuscité. – Ça m’est arrivé plein de fois. On s’en remet. »

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Lewis Austin

Lewis Austin

Admin


Date d'inscription : 06/10/2012

Messages : 62
Double-comptes ? : Nope
Copyright(s) : Cacahuète
Mon sosie d'autrefois : Brant Daugherty
Mon âge : 27 ans
Mon allégeance & mon statut : Xeril & fils de Jack Austin
Mon génome & mon pouvoir : Génome Déviant - Régénération cellulaire
Mon stade : Douzième stade
Mon boulot : Héritier de Jack - tâche à plein temps!
Xyleas : 98
Age : 33
Lewis Austin ♦ « – Je crois que j’ai ressuscité. – Ça m’est arrivé plein de fois. On s’en remet. » Empty
MessageSujet: Lewis Austin ♦ « – Je crois que j’ai ressuscité. – Ça m’est arrivé plein de fois. On s’en remet. » Lewis Austin ♦ « – Je crois que j’ai ressuscité. – Ça m’est arrivé plein de fois. On s’en remet. » EmptyVen 28 Juin - 14:59


Lewis Jack Austin


❝ Vivre intensément et sucer toute la moelle secrète de la vie pour ne pas, au soir de la vieillesse, découvrir que je n'avais pas vécu.


Nom : Austin
Prénoms : Lewis Jack
Date et lieu de naissance : 18 juin 2170
Age : Bientôt 27 ans.
Génome : Déviant
Pouvoir & stade : Régénération cellulaire – Stade 12
Métier : Se prépare à être le leader de Naëris à la suite de Jack.
Allégeances : Xeryl
Feat : Brant Daugherty


Physique

Commençons par le plus facile : je suis un Apollon vivant.
Quoi, vous n’êtes pas d’accord ? Ça résume tout, non ? Pourquoi s’embarrasser de quinze lignes ou peut-être dix (je ne sais plus, et en plus, ça dépend de la taille de l’écriture, de la largeur du papier, et de tout un tas de choses dont il est inutile de parler ici) pour me décrire, alors qu’il suffit de regarder sur votre gauche, ou juste au-dessus ? Mais puisque c’est ainsi… Allons-y pour le portrait objectif fondé sur les différents témoignages que j’ai pu recueillir auprès de la gent féminine. Oui, j’ai bien dit objectif. Ob-jec-tif. Oui, je suis conscient du sens du mot ; oui, vous m’embêtez. Le nombre des témoignages devrait vous suffire. Bref… De l’avis général, j’ai l’allure d’un fils de bonne famille assez décontracté (nous reviendrons plus tard sur le terme « bonne famille »). Ma position me permet une certaine désinvolture dans ma façon d’être et de paraître, et je n’hésite pas à en jouer. Inutile de singer les faux modestes, ou de cacher mon statut ; je suis le fils de l’homme le plus puissant de cette ville, je le sais, vous aussi. Et je le montre. C’est mon droit le plus strict.  
Je suis plutôt mince mais bien bâti : les nombreux exercices physiques auxquels je me suis soumis ont contribué à forger mon corps d’Apollon (quand je vous disais que ça précisait tout…), je suis donc plutôt musclé. Je suis assez grand, avoisinant le mètre quatre-vingts (des rumeurs disent plutôt 1m78 mais c’est parce que les gens sont jaloux, je sais bien quelle taille je fais. Objectivité, encore et toujours, c’est essentiel). Mes yeux sont d’un vert plutôt clair qui me donne un « charme fou » (sic. C’est Sandra qui l’a dit. Ou peut-être Alexie. Je vous donnerai la liste, vous vous y retrouverez bien (oui, j’arrête de mettre une parenthèse par phrase, je sais que ça vous saoule (vous avez vu ? Une parenthèse dans la parenthèse ! (et encore une ! (ça commence à faire beaucoup, non ?... D’accord, compris, si on peut même plus s’amuser un peu…))))). De même, mes cheveux bruns coupés courts, que j’aime volontiers laisser légèrement en désordre, me donnent l’air de sortir à peine du lit, ce qui ajoute à mon allure (selon moi et mes multiples conquêtes). Ainsi que le fait que je garde parfois une barbe de deux ou trois jours, mais j’évite d’abuser de ce côté-là, mon père aimerait bien que j’aie en permanence une allure ir-ré-pro-cha-ble.
Je sais jouer de mon regard expressif, le rendre charmeur, séducteur, malin, contrit : toute une gamme qui ravit les demoiselles qui le croisent et les fait fondre. Vous n’imaginez pas le poids d’un regard dans l’échec ou la réussite d’une relation. Le poids du sourire, également. C’est mon aout maître. Le sourire en coin, charmeur et complice, fait des ravages. Le légèrement ironique aussi, me conférant une allure de rebelle (hmm, mot à ne pas employer à la légère dans cette ville) qui ne déplaît pas aux filles. Le sourire rayonnant fonctionne bien également en faisant croire à l’autre qu’elle est le centre de mon monde et que j’explose de bonheur en la voyant. Mensonge, évidemment. Il n’y en a qu’une qui pourrait m’apporter le bonheur…et ce n’est pas à elle que je peux adresser des sourires rayonnants. Dommage. La gamme des sourires tordus est réservée à mes adversaires ou à ceux que je connais quand je suis particulièrement mal luné.  
Pour ce que la décence m’interdit de nommer, sachez seulement que je ne suis pas mal loti et que personne ne s’est plaint de moi jusqu’à présent.

Bref passage sur les vêtements : comme je le disais, j’aime bien avoir une allure décontractée qui manifeste mon assurance et le fait que j’ai le pouvoir derrière moi. Aussi suis-je souvent habillé d’un jean, d’une chemise et d’une veste rappelant celle des treillis d’autrefois. C’est classe et détendu. Bon, naturellement, ce ne sont pas forcément les tenues que l’on souhaiterait me voir porter, alors le jean se transforme parfois en pantalon de costume et la veste en quelque chose de plus réglementaire (dommage pour une veste d’allure militaire ! Non, mon humour n’est pas pourri). Il y a même de temps en temps une cravate qui vient rejoindre tout cela, mais c’est surtout pour les actes officiels.
Psychique


« L’arrogance est le défaut des bons chefs. »

Héhé. Pas mal, non ? Certes, je ne suis pas encore chef, mais vu mon taux d’arrogance, j’ai des chances d’en être un sacrément bon (oui, l’auto-dérision entre aussi dans mes qualités. Pas la modestie, je crois ; en même temps, il faut bien laisser des choses aux autres). Je sais que je suis loin d’être moche, je sais que je suis loin d’être crétin, je sais qui est mon père. Je ne le cache pas et ne donne pas dans la fausse modestie. Quel intérêt, une fois encore ? Je me pavane en ville, j’aime attirer le regard des autres, me présenter comme étant le meilleur, me considérer comme supérieur aux autres. Je le suis. Après, si ça vous dérange, c’est votre problème. Et si l’on se penche sur la question, le côté superficiel de l’arrogance peut cacher bien des choses… On n’est pas arrogant quand on est heureux, n’est-ce pas ? On n’est pas arrogant quand on n’a rien à prouver et qu’on est vraiment sûr de soi. On n’est pas arrogant quand on n’a pas de secret à cacher. Et l’arrogance a ceci de bien que les gens s’y arrêtent : ils se disent : « oh, c’est le fils du maire, quel prétentieux/arrogant/vaniteux/insolent/impudent (pas la peine de chercher, y a pas de mention inutile), celui-là ! » et ne cherchent pas plus loin. C’est la meilleure des protections.  

« La politesse est plus généreuse que la franchise, car elle signifie qu’on croit à l’intelligence de l’autre. »

Et le sens de cette belle citation, c’est que je suis franc (poli aussi, évidemment, mais au moins, je ne fais pas semblant de vous croire plus intelligent que vous ne l’êtes, je vous estime à votre juste valeur, c’est tout. Pas ma faute si cette juste valeur n’est pas très haute, ce n’est pas moi qui vous ai créé). Bon, bien sûr, je ne prends pas tous les êtres de la Création pour des imbéciles finis ; on trouve ici ou là quelques perles (dont une que je ne nommerai pas mais qui se reconnaîtra). Pour certains, être franc relève de la bêtise absolue, d’une candeur malvenue chez quelqu’un comme moi, amené à prendre un jour les rênes de Naëris. Mais je ne vois pas les choses de cette façon. Je préfère dire les choses clairement et nettement plutôt que tourner des heures autour du pot. Un garçon me tape sur les nerfs ? Je lui dis. Une fille est laide comme un thon ou belle comme une déesse ? Franchise là aussi. Franchement (haha), à quoi ça sert d’entretenir des illusions, de flatter les autres ? Je n’en ai pas besoin. Finalement, cette franchise, c’est un peu un signe de pouvoir…je peux me permettre d’être franc avec les autres parce que je suis placé au-dessus d’eux, que je n’ai pas à quémander leur bienveillance, à obtenir leur faveur. Je peux me permettre d’être direct, parce que ça ne me sert à rien d’entrer dans des jeux tordus de manipulation. Et parfois, une vérité assenée clairement, sans gants, ça fait beaucoup de dégâts. La vérité blesse, dit-on, et c’est vrai. Ironiquement, il y a beaucoup de cynisme dans la vérité, ça brise les illusions, oblige à se regarder en face, à ne plus se voiler le visage. La vérité peut être cruelle et c’est une arme.
Ça peut passer pour de la prétention et de l’orgueil, et il y en a peut-être là-dedans. Mais réfléchissez deux secondes : quelqu’un qui vous dit la vérité, parfois crûment, c’est quand même rafraîchissant dans cette ville, non ? Un peu d’air frais au milieu du panier de vipères… Enfin, peu m’importe votre avis sur la question, je dis toujours ce que je pense, et je ne dissimule pratiquement jamais (sauf les affaires à caractère vital, vous ne me verrez pas débarquer devant mon père pour lui avouer en toute franchise la vérité sur ma relation avec Faith, même s’il l’a connaît déjà… je ne suis pas suicidaire).

« La tête dans les nuages et les pieds entre deux étoiles »

Ne cherchez pas d’où vient cette expression stupide, c’est de moi. Du moins pour la deuxième partie. Il se trouve que parmi les innombrables qualités qui font de moi un homme si remarquable, il peut m’arriver de me montrer tête en l’air, un peu distrait. Oh, rassurez-vous, rien de grave : je ne risque pas de tomber dans une bouche d’égout ou ce genre de choses dignes de n’importe quel savant distrait de bande dessinée. Mais je peux être un peu ailleurs, perché sur mon nuage, loin de Naëris et de son agitation permanente. Ça se traduit par un manque de ponctualité, une tendance à parfois oublier des choses importantes, des rendez-vous, à avoir l’air de descendre de la lune quand je reviens dans une conversation. Vous voyez le tableau. Rien de bien méchant, en somme. Même si ça peut agacer les hautes instances de la ville.

« Un des plus grands bonheur de cette vie, c’est l’amitié ; et l’un des bonheurs de l’amitié, c’est d’avoir à qui confier ses secrets ».

Eh oui, vous ne vous y attendiez pas à celle-là ! Je ne suis pas qu’un sale type dans la vie ; il y a des choses qui comptent pour moi, et l’amitié en fait partie. Je suis loyal à mes amis, jusqu’au bout. Je serais prêt à faire beaucoup de choses pour eux, et j’espère qu’il en va de même pour eux. Non, ce n’est même pas une espérance : je le sais. Nous ferions tout les uns pour les autres, un peu comme ces mousquetaires autrefois : « un pour tous et tous pour un ». Nous avons besoin d’avoir des gens sur qui compter, et je sais que je peux m’appuyer sur mes amis, comme ils peuvent s’appuyer sur moi. Nous avons tous fait des choses répréhensibles, nous ne nous trahissons pas les uns les autres. Je considère Riley pratiquement comme un frère. Et si l’un de mes amis me fait l’honneur de me confier un secret, il peut être certain que je ne le dévoilerai pas.

« Ceux qui sont infidèles connaissent les plaisirs de l’amour ; ceux qui sont fidèles en connaissent les tragédies. »

Je crois qu’on n’aurait pu trouver phrase plus juste pour parler de mon comportement quand il s’agit d’amour. Je n’ai jamais été fidèle en amour, à une exception près. J’ai commencé assez jeune  à courir les rues de la ville le soir. Soirées, alcools, drogues…j’ai touché un peu à tout, et dans ces circonstances, il est inévitable qu’on finisse par se retrouver à deux dans un même lit, et ce n’est pas à cause d’un manque de place qui nous obligerait à une promiscuité forcée. J’ai enchaîné les filles ; j’ai joué les séducteurs et les princes charmants ; je ne voulais rien de plus que les plaisirs de l’amour et non ses tourments, ne pas m’enchaîner à l’une d’entre elles, mais rester libre de changer quand je voulais. Certaines m’ont plus marqué que d’autres, mais je serais incapable de vous faire la liste de mes conquêtes, et de toute façon, ça ne vous intéresserait pas. Pourquoi cette attitude ? Refus de m’attacher ; refus de souffrir. Je voulais juste le plaisir et l’amusement, pas le reste. On voit ce que ça a donné dans ma famille, de se lier, ma mère en est morte. Alors, je préfère m’amuser plutôt que de chercher le côté sérieux. Mais ça, bien sûr, c’était avant. Avant Elle. Avant que je ne la rencontre, avant qu’elle n’entre dans ma vie pour en faire un beau chaos, avant qu’elle ne trouve la porte de mon cœur et ne s’y installe comme chez elle. Avant. Je m’étais plus ou moins promis de toujours prendre l’amour comme un jeu, de ne jamais dépasser les brèves relations, les coups d’un soir. Raté. Du cœur volage et infidèle, je suis passé du côté de la fidélité. J’aime Faith. Elle est la seule que je veux. Je sais, je sais, je n’ai pas été très fidèle en son absence… Mais c’est son visage qui continuait de hanter mes nuits, sa peau sous mes doigts, ses cheveux étalés sur l’oreiller, les regards échangés. Tout. J’ai essayé d’oublier après notre rupture. Je n’ai pas pu. Elle est la seule détentrice de la clef de mon cœur. Et nous savons tous les deux que notre amour est du genre dont on fait les grandes tragédies. Romeo et Juliette, les amants maudits, tout ça… Alors, oui, j’ai quitté les seuls plaisirs de l’amour pour en goûter les tourments et les tragédies. Est-ce que je le regrette ? Non. Chapitre suivant, avant que vous n’en veniez à sortir les mouchoirs. Ca me touche beaucoup mais ça ne me sera pas d’une grande aide, donc autant poursuivre ce fastidieux étalage de mon intériorité profonde.

Bon, apparemment, le fait d’être attentionné n’attire pas les foules parce qu’il n’y a pas de phrase sur ce thème (ou alors, j’ai un peu eu la flemme de chercher…oui, il m’arrive d’être nonchalant et un peu paresseux. Ça fait partie de mon charme –et ce n’est pas moi qui l’ai dit). Je ne suis pas une exception pourtant ; on peut trouver plein de gens plus prévenants que moi, ce n’est pas très difficile. Là, c’est moi qui vous le dis. Bref. Il m’arrive donc de me montrer attentionné envers les personnes que j’apprécie sincèrement. Ainsi en va-t-il de Faith, de Riley et de quelques autres, mais les deux premiers sont vraiment à part pour moi. Il y a mon père aussi, bien sûr, mais je ne parlerais pas vraiment d’attention en ce qui le concerne ; tout dépend du sens que l'on donne au mot…mais pour lui, j’emploierais plutôt celui de dévouement. Il n’attend pas de petites attentions, pas d’affection, de sensiblerie, ou que sais-je encore. Non. Je lui suis totalement dévoué. Le côté plus affectueux est dévolu aux amis.

« Insensible. Doué d'une grande force d'âme pour supporter les maux qui s'abattent sur quelqu'un d'autre. »

Ha, j’aime bien présenter sous un jour favorable ce qu’on pourrait percevoir comme des défauts ou une mauvaise qualité. Non, ce n’est pas de la propagande. Enfin, pas officiellement. Mais en même temps…à quoi vous attendiez-vous de la part du fils du tyran de la ville ? La propagande faisait partie des ingrédients de mon biberon quand j’étais bébé. Je suis donc doué d’une grande force d’âme et d’un rare talent pour supporter les malheurs des autres. L’insensibilité, c’est une vraie force à Naëris, quand tant d’opposants se font torturer, qu’il faut parfois assister aux interrogatoires, et qu’il faut se convaincre que le sort des prisonniers vous indiffère totalement. Bon, si vous percevez une certaine réticence dans cette dernière phrase, c’est que vous résistez encore au lavage de cerveau… Je ne suis pas aussi insensible qu’il le semble ou que j’aimerais l’être. C’est seulement qu’il y a des choses contre lesquelles je ne peux m’opposer. Alors, je joue le jeu, j’entre dans le rôle qu’on veut me voir tenir, et je parais insensible parce que je n’ai pas d’autre choix. Mon père me veut à son image, je tente de m’y conformer. C’est peut-être lâche, je ne sais pas, mais je préfère jouer sur les apparences plutôt que de m’opposer ouvertement à certaines pratiques, ce qui ne ferait que me rapporter des ennuis. Ca ne veut pas dire que je ne fais rien en douce, quand je le peux. Je peux me laisser toucher par certaines détresses. Faiblesse aux yeux des miens, mon père comme le Zaïhra. Tant pis –mieux vaut qu’ils continuent à ignorer ce penchant de ma personnalité.
J’aime bien les apparences, ça donne une bonne réputation en ville ; et de toute façon, je trouve que l’arrogance et l’insensibilité font un bon mélange (non, je ne me demande pas pourquoi certains ont une telle envie de me tuer ensuite, mes neurones fonctionnent encore, ça met un peu de piment dans l’existence).

« Il ne faut pas céder à l'impulsion : il faut, au contraire, la plier au devoir de chaque instant. »

Peut mieux faire dans ce domaine. Je suis impulsif, c’est vrai, je peux également être assez obstiné quand j’ai décidé quelque chose, même si c’est contre l’avis de tous. Je me laisse souvent guider par mon instinct, il marche assez bien, ça dépend plus ou moins des circonstances et de ma disposition à l’écouter (tenez, par exemple, Faith et moi nous sommes rencontrés sous le coup d’une impulsion qui nous a poussés à aller nous parler. Le regrettons-nous ? Pas moi, en tous cas. C’est une des plus belles impulsions auxquelles j’ai obéi). Je réagis assez vivement aussi, sans vraiment réfléchir (le nez de Kylian Parkers doit encore s’en souvenir. Belle impulsion là aussi, qui m’a poussé à lui briser son appendice). À côté de ça, une discussion calme et sensée aurait eu moins d’attrait, je trouve. Simple avis personnel.
Je ne fonce pas non plus tête baissée, mais je réagis vite, à vif, sur le chaud, sans forcément chercher à peser toutes les conséquences de mes actes. Ca peut porter ses fruits comme être source d’ennuis. Tant pis, j’accepte le risque ; comme je le disais, ça pimente un peu l’existence ; j’aime prendre des risques, m’avancer au devant du danger. Je ne joue pas les téméraires ou les inconscients, loin de là, mais je ne veux pas d’une petite vie tranquille. Je veux me sentir vivre, et l’adrénaline est un bon moyen pour cela.

« L'insouciance est l'art de se balancer dans la vie comme sur une escarpolette, sans s'inquiéter du moment où la corde cassera. »
Vous ne savez pas ce qu’est une escarpolette ? Moi non plus (en même temps, les romans français du XIXème siècle sont un peu passés de mode, on comprend pourquoi). Et je n’ai pas le bras assez long pour atteindre mon dictionnaire. Mais l’image me semble quand même assez parlante. Sinon, plus simple, j’aime bien celle-là : « Cœur insouciant vit longtemps. » (ça, c’est du Shakespeare, j’ai quand même un peu de culture). Ça me paraît être un bon présage pour l’avenir (oui, on a parfois besoin de se rassurer dans l’existence, même si c’est de façon aussi stupide). Le fait est que je n’aime pas me prendre la tête pour des broutilles, me disputer pour un rien. J’ai envie de profiter de la vie et je n’ai pas de temps à perdre en vaines discussions. Je m’amuse, je fais la fête, je me promène en ville en faisant mine de ne pas voir les problèmes et la guerre larvée qui rongent Naëris. Ce n’est pas une politique de l’autruche, je ne me voile pas la face sur ce qui se passe, et je ne m’en moque pas non plus. Mais je n’ai pas envie de passer mon temps à songer à tout cela, à ne voir que les aspects sérieux de la vie. Je préfère l’insouciance, voir les bons côtés de l’existence, ne pas me prendre la tête pour un oui ou pour un non. Vous le savez maintenant, je suis impulsif, je peux vivre dans l’instant, sans me soucier du reste. Et franchement, c’est une belle bouffée d’oxygène dans cette ville. Les gens peuvent parfois passer des heures à ergoter sur des détails : est-ce que c’est risqué ? est-ce que c’est dangereux ? On tente ça ou pas ? On va s’amuser ou pas ? Est-ce que ceci, est-ce que cela… Mais taisez-vous donc et allez profiter de la vie ! Vous n’aurez pas mille occasions de le faire, lâchez un peu de lest, lâchez-vous tout court, oubliez vos soucis et vos ennuis (vous croyez que je n’en ai pas ?) et vivez, bon sang ! En plus, ça vous permettra d’envisager vos problèmes de façon plus sereine et plus détendue (je devrais me lancer dans la psychothérapie, c’est une idée à creuser).
C’est une attitude risquée, je le sais bien, la corde peut casser, on peut réussir à m’assassiner demain (et je demande expressément qu’on décerne une médaille à celui qui y parviendra ; vu mon pouvoir et le stade que j’ai atteint, je souhaite bon courage aux téméraires qui tenteront l’expérience...). Mais justement, si je dois mourir jeune, autant avoir profité de la vie plutôt que de remettre les plaisirs au lendemain, non ? Ca laisse moins de regrets et de remords. (Et même si je meurs vieux, je ne veux pas laisser filer le moindre instant sans en profiter au maximum).

« Quand les mystères sont très malins, ils se cachent dans la lumière.  »

Bon, je ne suis pas un mystère à proprement parler. Mais il y a une jolie part de vérité là-dedans. Quel meilleur endroit pour se cacher que la lumière ? Quel meilleur endroit pour se dissimuler que se montrer à la vue de tous ? L’arrogance, la prétention, tout ça… c’est aussi une partie de mon rôle. Je me vante, promène ma beauté et mon intelligence un peu partout…et ce n’est pas seulement pour faire l’admiration des foules. Je me montre en pleine lumière, mais c’est pour mieux cacher ce que je fais dans l’ombre, la façon dont j’agis en toute discrétion. Il suffit d’en mettre plein la vue aux gens pour les aveugler totalement. Alors, je brille, je rayonne, je leur fais bouffer du Lewis-Austin-fils-de-Jack-arrogant-insouciant-et-prétentieux à leur en donner une indigestion. Et ils me croient superficiel, proie négligeable, simple fêtard. Oublient tout le reste. Aussi simple que ça. Alors, oui, je suis malin ; j’aime monter des entourloupes et des embuscades, prendre les autres au piège, souvent à leur propre piège quand ils pensaient faire de moi leur victime. J’ai l’air de me tenir en retrait, puis j’agis brutalement, par surprise. Ca me réussit bien. Évidemment, ça m’est déjà arrivé aussi de me faire prendre en défaut, de manquer de me faire tuer. Je ne suis pas le plus malin de cette ville, mais je me place bien. Et surtout, je retiens et ne perds pas une occasion de me venger (oui, je suis rancunier, mais franchement, il y a de quoi après des tentatives d’assassinat assez…sales). Je peux être assez retors quand je le veux, et faire payer chèrement aux autres ce qu’ils m’ont fait. La lumière, c’est l’instrument le plus utile qui soit quand on est fait d’ombre.

« C'est une sorte d'ivresse, la violence. »

Je suis d’accord. Il y a un plaisir malsain à se montrer violent, surtout gratuitement. Un plaisir dont on redemande une fois qu’on y a goûté, pour la sensation de puissance et de pouvoir qu’il procure. Un plaisir qui écœure et qu’on ne rejette pourtant pas, parce qu’il assouvit les plus bas instincts. Et on aime se perdre dans cette ivresse, dans cette toute-puissance d’un instant, quand l’autre est vaincu, à terre, humilié, blessé dans son âme et dans son corps. Ne me dites pas que mes propos vous surprennent, vous savez que l’ombre et la lumière cohabitent en moi, qu’elles ont besoin l’une de l’autre, que toute lumière ne resplendit que parce que l’ombre existe, bla blabla, la philosophie et la métaphysique, ce n’est pas pour moi. Mais j’ai ce côté violent en moi qui s’exprime, souvent aidé par mes impulsions. Il m’arrive de regretter ces flambées de violence. Parfois. Mais je les aime aussi. Ce qui se comprend quand on voit le milieu dans lequel j’ai grandi, tout empreint de cette violence qui s’exprime à tout bout de champ. Difficile d’y résister ; je n’ai pas su ou pu. Pas voulu non plus, puisque c’était la voie que mon père voulait me voir emprunter. Et puis, c’est une façon comme une autre d’exorciser toutes les violences que j’ai subi, de rendre une partie de ce que j’ai vécu, de l’extérioriser, en faisant endurer aux autres une partie de ce qui m’est arrivé. Je ne suis ni un saint ni un ange. Même si les solutions extrêmes ne comptent pas parmi mes favorites, je sais les utiliser quand il le faut, et à bon escient.
Cette violence intérieure s’extériorise aussi dans mes dessins ; parfois, je suis pris d’une frénésie créatrice qui sert d’exutoire à ma violence, et permet de l’apaiser. J’ai la chance d’être doué en dessin, d’y vouer une véritable passion…alors ça me calme, m’apaise, et adoucit cette violence.

« La froideur est la plus grande qualité d'un homme destiné à commander.  »

Bon point pour moi, là aussi. Je sais que je présente une image sympathique, enfin un peu moins maintenant, vu ce qui précède. Mais toute cette arrogance, toute cette insouciance cachent aussi une certaine distance, une certaine froideur. Un certain détachement. Disons que le côté amuseur de galerie dissimule quelque chose de beaucoup moins anodin. Le sort des autres ne m’importe que peu ; je me soucie seulement des miens. Je peux me montrer froid jusqu’au mépris, voire l’indifférence. Ca va avec la violence que je porte en moi ; je ne livre pas facilement mes émotions et mes sentiments, pas plus que je ne me confie volontiers. Il vaut mieux tout garder pour moi. On peut le comprendre, vu l’univers dans lequel je vis.
« Il y a eu de la lâcheté partout où il y a eu de la tyrannie »
Côté moins reluisant de ma personne… Vous avez pu le déduire du reste, je pense, de ces apparences que je dresse autour de moi et qui cachent certaines interrogations que je refuse d’assumer en face, notamment sur moi, sur mon père, sur Naëris. Sur Faith. J’ai été lâche avec elle, je le sais, en préférant la quitter lorsqu’elle m’a annoncé qu’elle était enceinte de moi. C’est vrai que les dangers sont grands, nombreux. Que nous risquons tous les deux –tous les quatre- nos vies. Était-ce pour autant une raison de l’-les abandonner, de tout rejeter ? Sur le moment, je l’ai cru, j’ai vraiment pensé que c’était la meilleure solution pour éviter la colère de mon père. Puis je n’ai cessé de le regretter pendant ces mois où je n’ai fait que me demander où elle pouvait bien être passée. Elle aurait pu mourir sans que je le sache ! Alors maintenant, je suis décidé à assumer ce que j’ai fait, et à la revoir, quoi qu’il puisse m’en coûter.

Que dire d’autre ? On m’a déjà dit que j’étais bavard, mais il s’agit d’une rumeur totalement infondée…


Histoire

35 lignes minimum, sous la forme de votre choix.

Chapitre I : « Il faut si souvent désobéir pour vivre une enfance décente. »

Ai-je eu une enfance décente ? Du point de vue matériel, cent fois oui. Si mon enfance n’avait pas été décente de ce point de vue, ce n’aurait été le cas pour personne d’autre. J’ai toujours eu tout ce que je voulais, je vis dans la plus grande demeure de Naëris, on dispose d’un parc immense. Plutôt top comme cadre de vie, non ? Mais est-ce vraiment le matériel qui compte le plus pour un enfant ? Ne vous inquiétez pas, je ne vais pas me lancer dans un gros débat psychologique. Ca vous ennuierait ? Moi aussi. Donc autant nous épargner ça, à vous et à moi. Enfin, surtout M’épargner ça. Avant de m’éparpiller dans tous les sens comme je sais si bien le faire, je vais vous faire une présentation synthétique (oui, je connais le sens de ce mot. Oui, tout est relatif. Et chut, vous m’embêtez) de ma vie, avant de m’attarder sur certains points. Il paraît que c’est bien de mettre un peu de chronologie dans une biographie, alors je vais essayer de faire les choses dans les règles de l’art. Et éviter de vous perdre. Je suis gentil, hein ? Non, non, ne me remerciez pas, c’est tout naturel.
La première chose à savoir, c’est que je suis né le 18 juin 2170. Nous sommes en mai 2197. J’ai donc bientôt 27 ans. (Non, ceci n’est pas un message subliminal pour vous signaler que mon anniversaire approche et que vous feriez bien de vous en souvenir. Je dis ça, je dis rien). À part ça, je suis le fils de Jack Austin, le maire de la ville. C’est toujours une information importante à savoir. Je ne vous fais pas le compte rendu de la rencontre de mes parents, c’est fastidieux et peu intéressant, puisque je n’étais pas encore là. Autant entrer dans le vif du sujet, non ? Droit à l’essentiel ! J’ai eu l’enfance qu’on pouvait attendre, entre un père trop peu présent, une mère que je méprisais, entouré de tout ce que je voulais, sans être pour autant pourri gâté. L’idéal d’excellence de mon père demandait à ce qu’on ne gâte pas trop les enfants, ça pourrait leur faire du mal. Enfin, de là à leur enlever une bonne part d’affection… Mes premières années ont été assez paisibles, entre découvertes de ma passion du dessin et de mon pouvoir, ce que je développerai plus tard (oui, c’est une tentative d’annonce de plan). L’un des plus gros chocs de ma jeune existence a été l’arrivée de Riley Welles alors que je n’avais que six ans. Mon père l’a trouvé je ne sais plus trop où et a décidé de l’adopter parce que son pouvoir l’intéressait énormément. Et comme je suis un enfant modèle, je n’ai absolument pas été jaloux de le voir débarquer dans ma vie. …Je sais, je ne suis pas crédible. Le fait est que j’en ai énormément voulu à Riley de prendre ainsi une place dans le cœur de mon père qui aurait dû m’être réservé. Je l’ai détesté. Je lui ai joué pas mal de mauvais tours, au point de le faire souvent pleurer. Je l’ai aussi fait accuser d’un certain nombre de mes propres bêtises. Je pouvais être un garçon turbulent quand mon père était absent, ce qui était souvent le cas. Certains peuvent y voir une demande d’affection, une besoin de se faire remarquer. Mais j’ai toujours aimé m’amuser. En tous cas, Riley a pas mal souffert de mon comportement ; au fond, j’espérais que mon père finirait par le renvoyer d’où il venait, le plus loin possible de Naëris. À mon grand dam, ce n’est jamais arrivé. Riley s’entendait bien avec ma mère, mais de cela, je m’en moquais. Qu’il fasse ce qu’il voulait avec elle, peu m’importait. Le tout était qu’il ne me vole pas mon père.
Nous avons continué comme cela pendant quelques années ; ce n’est que vers mes douze ans que j’ai fini par accepter Riley pour de bon, et nous sommes devenus les meilleurs amis du monde, au point de nous confier sur quasiment tout. Ca tombait bien, j’avais besoin d’un acolyte, d’un second dans les bêtises que je continuais à faire, et Riley s’est avéré plutôt doué pour cela. À nous deux, nous nous imposions dans la cour du collège et du lycée, ensuite. J’ai toujours été d’un naturel bagarreur, étant aidé en cela par mon pouvoir (infirmerie permanente sous la main) et par mon entraînement (mon père n’envisageant pas que je ne sache pas me battre ; je maîtrise surtout les armes à feu, le lancer de couteau et les arts martiaux. Une belle panoplie offensive et défensive) ; même si on me dit souvent que j’ai une grande…bouche, je sais la fermer pour laisser mes poings s’exprimer. Certaines personnes s’en souviennent… On peut notamment penser à Kylian Parkers. Nous nous sommes croisés alors que nous avions treize ans. J’ai le plaisir indicible de dire que je suis sorti vainqueur de la confrontation, un peu égratigné, certes, mais le nez intact contrairement à cet imbécile. Je suis ravi de lui avoir fait mordre la poussière et je suis prêt à recommencer maintenant que je sais qu’il aime toujours Faith et qu’ils sont sortis ensemble.
Et voilà, j’ai tenu mon pari : c’est synthétique, bref et concis. Moins de mille mots. Hé hé. Comme quoi je ne suis pas si bavard que ça… (en vrai, c’est pour éviter de vous faire peur d’entrée de jeu).


Chapitre : « Être dans son lit serait une expérience à la fois parfaite et sublime si l'on pouvait avoir un crayon assez long pour dessiner sur le plafond. »
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Je n’en ai pas vraiment parlé jusqu’à présent, seulement évoqué dans la description de mon caractère… Mais depuis mon enfance, je voue une passion au dessin, au point de parfois regretter que mon don ne soit pas justement celui des dessinateurs, capables de donner vie à leurs créations. Mais c’est sans doute une bonne chose pour Naëris, il y a déjà assez de bestioles qui hantent les parages sans ajouter d’autres créatures un peu délirantes…mais ce serait drôle. Imaginez quelques bêtes pourvues d’un peu trop de tentacules, de pattes, de crocs, de cornes ou de tout autre appendice agressif ; ça ajouterait encore un peu d’animation (oui, animateur, c’est quelque chose qui me conviendrait bien, ou guide dans une réserve animale, peut-être. Je pourrais créer un zoo à partir de mes créations. Mais je vous rappelle que je ne suis pas dessinateur). Les dragons, les poissons géants, c’est vus et revus ; un peu de nouveauté ne ferait pas de mal. Mais pour l’heure, lesdites nouveautés dorment dans mes carnets et n’ont pas vocation à voir le jour.
D’où m’est venue cette passion ? Je n’en ai aucune idée. Déjà, tout petit, j’aimais gribouiller un peu partout. Un crayon, quelques feuilles, et cela suffisait à mon bonheur d’enfant. Enfin, pas tout à fait : les murs du bureau de mon père se souviennent encore du jour où il ne m’a pas donné assez de feuilles et pour crayon, seulement un marqueur indélébile. Oh, c’était très joli, très coloré… Très abstrait, aussi. Trop abstrait pour mon père. Malgré la grande valeur artistique de mon œuvre, il a fallu repeindre le mur. Après cela, ma mère m’a fait donner des cours de dessin. Une des choses pour lesquelles je ne l’ai jamais remerciée… Bien sûr, je n’aimais pas forcément le côté trop académique de ces cours, mais il faut bien apprendre les règles pour pouvoir les tordre et les briser, pour s’en affranchir en toute liberté. Alors, j’ai dessiné mes bouquets de fleur, mes animaux mythologiques et mes portraits banals sans rien dire, en attendant de pouvoir dessiner ce que je voulais. J’ai appris la précision du trait, à capter le moindre détail qui rend le tout vivant, à jouer sur les ombres. Ce n’était pas encore le temps de l’invention, mais j’avais besoin de ces connaissances pour assouvir mon imagination.
Vers mes huit-neuf ans, j’ai commencé à laisser libre cours à ma volonté créatrice. J’ai noirci des carnets et des carnets de dessin, que j’ai encore aujourd’hui. Ce n’était pas aussi torturé que maintenant, mais il y avait déjà cette envie d’autres horizons, d’ailleurs. Les carnets n’ont pas toujours suffi non plus. Je me souviens… J’aimais (j’aime toujours) dessiner assis sur mon lit, je trouvais que c’était l’endroit parfait pour ça. J’imagine que des psychologues y verraient une grande symbolique. Pas moi. (Ou peut-être que si, mais que je n’ai pas envie de vous la dire). Bref. Un jour, j’avais donc neuf ans, je me suis dit que c’était quand même dommage de ne pas pouvoir avoir le ciel juste au-dessus de soi la nuit, de ne pas pouvoir l’apprécier pleinement. J’avais envie d’espace, de liberté, et le plafond nu de ma chambre me paraissait écrasant. Trop blanc, trop vide. Trop oppressant. Une prison. Vous devinez ce qui a suivi, j’imagine ? J’ai déniché un escabeau quelque part, l’ai traîné jusque dans ma chambre. Et là, j’ai redessiné le ciel tel que je le rêvais. Bleu, avec des nuages bordés d’or ou de noir. Bleu ciel, bleu nuit, gris d’orage. Soleil, lune, étoiles, masses sombres, tempétueuses. Beau, sauvage et puissant. Le ciel, immense espace de liberté. Oui, j’avais un grand plafond. Il m’a fallu un bon moment pour achever mon œuvre ; j’avais pris soin d’interdire à quiconque de pénétrer dans ma chambre. J’en étais fier, de mon ciel, qui rassemblait, sans que je le sache vraiment, ce que peut contenir une âme humaine. Ma seule erreur est d’avoir voulu le montrer à mon père ; j’étais persuadé qu’il en serait fier. Qu’il me féliciterait, qu’il me dirait à quel point c’était beau. Qu’il comprendrait ma passion pour le dessin et l’accepterait enfin. Il n’a rien dit sur le moment, en observant ce que j’avais fait. Mais il a renvoyé la gouvernante qui s’occupait de moi, et il m’a forcé à tout effacer moi-même. Je crois que c’était la pire chose qu’il pouvait m’infliger : détruire moi-même ce que j’avais mis tant de temps à construire, et qui comportait une bonne part de mes espérances et de mes rêves. J’ai obéi. Sans protester. Mais mes dessins sont demeurés dans mes carnets et je ne les ai plus montrés à qui que ce soit pendant des années.
Comme vous venez de le voir, mon père n’appréciait pas vraiment ma passion, il ne l’apprécie toujours pas d’ailleurs ; il trouve que ça accentue mon côté rêveur, que c’est du temps perdu, employé à des tâches vaines, alors qu’il y a tant de choses importantes à accomplir… Peut-être. Mais j’ai besoin de cela, de cette évasion, de sentir les crayons dans mes mains, les mines courir sur le papier, esquissant les premiers traits d’un dessin encore incertain. Je n’ai pas de mot pour décrire cela, mais c’est un besoin nécessaire, dont je ne saurais me passer, même si je dois encore me battre régulièrement avec mon père à ce sujet. Je dessine tout et n’importe quoi : des paysages, des portraits, des créatures un peu bizarres, des choses un peu psychédéliques, mes rêves et mes cauchemars, les ressentis que j’en ai…ça dépend de mon humeur et de mes envies du moment. Les dessins réalisés pour canaliser ma violence sont parmi les plus étranges, c’est vraiment de l’énergie créatrice, une sorte de frénésie jetée sur le papier, sans réflexion ni rien. C’est sombre, coloré, un peu glauque. Un peu comme moi, sans doute. Il y a beaucoup de rouge sur ces dessins, couleur de sang. J’en ai déchiré ou brûlé certains aussitôt après les avoir faits. Ca valait mieux.
Avant de passer pour un psychopathe fini, je tiens à préciser que cette espèce de thérapie par le dessin n’est pas l’essentiel de mon œuvre. Non, il y a les bâtiments principaux de Naëris, à l’aube ou au crépuscule, les dessins plein de couleur et de feux, ceux en noirs et blancs, les simples esquisses, les croquis. Les portraits. Mon père. Riley. Faith. Je ne sais plus si je lui avais dit que je l’avais dessinée. Le fait est qu’elle est devenue une de mes principales sources d’inspiration ces derniers mois. Bien sûr, je ne les ai pas tous gardés. Trop dangereux. Mais j’en ai conservé quelques uns, bien cachés. Mes mains connaissent son visage par cœur et mes doigts la redessinent sans cesse. Souvent, lorsque je me prends à rêvasser, c’est son visage qui apparaît sur mes brouillons. À peine quelques traits, mais je sais que c’est elle. J’efface tout. Avant de recommencer un peu plus tard. Oui, on peut appeler ça une obsession.

Chapitre : « Je me suis pété la moitié des os, je me suis poignardé le ventre, je me suis enfoncé une énorme barre de fer dans les cervicales et j'ai même pas une égratignure ! »
Y en a qui ont de la chance dans la vie. J’en fais partie, pour différentes raisons (un père qui gère toute une ville, une femme rebelle que j’aimerai jusqu’à la fin de mes jours (quoique ces deux raisons puissent être considérées comme source de malheur, vu leur caractère totalement incompatible et irréconciliable)) mais une seule est importante ici. J’ai un pouvoir qui peut être assez utile dans certaines circonstances, même s’il est totalement inefficace d’un point de vue offensif. Régénération cellulaire, ça peut paraître barbare dit comme ça, mais c’est le nom officiel. Don de guérison totale. C’est quand même très pratique quand vous savez que le rêve de certaines personnes est de vous voir mort et enterré. Désolé mais ce n’est pas pour tout de suite !
Comme vous pouvez vous en douter l’apprentissage de mon pouvoir ne s’est pas fait dans la simplicité…mais il faut d’abord que je revienne sur les circonstances de sa découverte. Un peu de chronologie de temps en temps ça ne fait pas de mal. Je n’ai pas l’air comme ça, mais je peux être un peu structuré quand je veux. Donc…mon père a surveillé avec attention l’émergence de mon pouvoir. Je crois qu’il aurait très mal pris le fait que son fils unique ne soit pas un mutant comme lui ; j’ai donc eu de la chance de l’être. Il y a cependant eu une période de doute au début ; je ne manifestais aucune capacité extraordinaire ; on a un moment cru que j’étais peut-être un dessinateur mais mes gribouillis n’ont jamais pris vie. C’est lorsque quelqu’un a fait remarquer à mon père que je ne tombais que très rarement malade, que je n’allais presque jamais chez le médecin (en tous cas, beaucoup moins que les autres enfants, c’est dingue ce que les mioches peuvent trimballer comme microbes, entre les rhumes, les bronchites, les ceci, les cela… au moins, ce ne sont pas mes parents qui ont grevé le budget santé de la ville) qu’on a commencé à penser qu’il y avait peut-être quelque chose derrière. Difficile de le dire cependant, à ce stade ; je pouvais simplement être un enfant en meilleur santé que les autres ou avoir une peau qui n’attirait pas les microbes. C’est quand j’ai atteint le deuxième stade, où les coupures et petites blessures, que mon père a acquis la certitude que j’étais un Génome Déviant comme lui. Et non, ça n’a pas été champagne et petits fours, puisqu’à ces yeux, ça entrait dans la logique des choses. Le fils de Jack Austin se devait d’être mutant. C’était le cas. Point final ; inutile d’épiloguer plus longtemps sur le sujet. Évidemment, du haut de mes trois ans, le sujet ne m’intéressait pas franchement. J’avais mille choses plus passionnantes à faire que me pencher sur un éventuel pouvoir que je ne pouvais de toute façon pas maîtriser, puisqu’il agissait de lui-même sur mon organisme. Dans les premiers temps, mon père a laissé mon pouvoir évoluer de lui-même. Cependant, les choses ont changé lorsque j’ai atteint le troisième stade. Il m’a été facile de m’en rendre compte. Ce jour-là, je devais avoir six ans, j’ai fait l’imbécile dans un arbre du parc. Arriva ce qui devait arriver : je suis tombé alors que j’allais atteindre une des plus hautes branches. Trop pressé d’arriver en haut et de me vanter de mon exploit, je n’avais pas vu qu’elle était plus fragile que les autres, et que le poids, même léger, d’un enfant de six ans était trop pour elle. Elle a cédé sous moi et nous avons tout dégringolé ensemble, elle en silence, moi en poussant un cri suraigu. Les autres branches n’ont pas assez freiné ma chute, je suis tombé à plat dos sur le sol. Autant vous dire que ma colonne vertébrale n’a pas apprécié cette rencontre fort peu élégante avec la terre. Je n’ai pas vraiment perdu conscience sur le moment mais je me sentais étrange, bizarrement léger…et je ne pouvais plus bouger mes jambes. J’entendais des gens s’agiter autour de moi, appeler, crier. Ordonner de ne pas me déplacer, que le dos était touché. Tout est resté très confus et embrouillé. Puis une drôle de sensation, comme une douce chaleur, s’est diffusée en moi, s’est concentrée dans mon dos. C’était plutôt agréable, semblable à une caresse ou à un léger vent de printemps. Les gens autour ont clairement entendu les vertèbres s’agencer de nouveau dans le bon ordre, tandis que mes jambes se remettaient droites toutes seules. Dégoûtant dit comme ça, mais vraiment pratique. Je me suis relevé cinq minutes plus tard, en pleine forme et prêt à reprendre mes escalades arboricoles. Tout le monde a refusé. Mon père a évidemment été mis au courant de l’accident. Il m’a puni pour m’être montré aussi imprudent, mais a reconnu que mon pouvoir prenait vraiment forme et qu’il fallait que je pense à m’entraîner. J’ai dit « oui » sans vraiment savoir ce que cela sous-entendait. Je savais seulement que cela ferait plaisir à mon père et c’était tout ce qui comptait. Peut-être que si j’avais su ce que cela impliquait, j’aurais manifesté moins d’enthousiasme.
Pour faire évoluer les pouvoirs, c’est simple : il suffit de s’en servir. Facilité enfantine quand il s’agit de jouer les pyromanes en miniature, de jouer avec l’air ou le feu. Beaucoup plus difficile quand le pouvoir agit sur soi-même et qu’il nécessite certaines particularités pour s’activer. Comme être blessé. Et comme je n’étais pas assez malchanceux pour me casser quelque chose tous les trois jours, il a bien fallu aider la nature. Mon père n’a manifesté aucune pitié envers moi ; il voulait que j’atteigne les plus hauts stades de mon pouvoir, et j’étais incapable de lui résister. Alors, je me suis laissé faire. Ce n’était pas la première fois que cette mutation survenait ; mon père et les hommes du Zaïhra avaient donc une idée assez précise de son évolution, des différents stades qui le composaient. Après les fractures qui se ressoudaient d’elles-mêmes, c’étaient les petites brûlures qui guérissaient aisément. Puis guérir de blessures graves mais non mortelles –et je vous prie de croire que les hommes du Xeryl ont une très grande imagination dans ce domaine. Vous ne pouvez pas imaginer le dixième du panel de blessures que j’ai pu recevoir. Pour n’importe qui, je pense que ce traitement pourrait s’apparenter à de la torture. Peut-être. Mais j’étais un enfant, et je voulais avant tout plaire à mon père. Même si cela signifiait endurer la douleur jour après jour, semaine après semaine. Voir mon sang couler encore et encore (qu’on ne se demande pas pourquoi il en reste une telle fascination dans mes dessins, pourquoi j’ai cette violence en moi). Sentir mes os se briser puis se ressouder tout aussi facilement ; éprouver les symptômes des maladies les plus violentes avant qu’ils ne s’estompent. J’aurais pu, j’aurais dû mourir des centaines de fois. Mais non. Mon pouvoir répondait toujours présent, se déclenchait toujours pour combler les déficiences de mon organisme, lutter contre les maladies. Je me suis fait tirer dessus. On m’a planté tout un tas de trucs différents dans le corps (pour que le processus de régénération s’enclenche, il faut cependant parvenir à retirer l’objet, de l’éclat de verre à la flèche en passant par un pieu, sinon il fait obstruction). On m’a retiré des organes qui se sont reconstruits d’eux-mêmes. Je me suis pratiquement vidé de mon sang. Tout cela dans le but de me faire gagner des stades le plus rapidement possible. Je crois que j’ai dû endurer toutes les blessures possibles et imaginables, le pire étant de savoir qu’elles étaient causées volontairement, que ce n’était pas des accidents. C’est sadique, sans doute. Il y a des moments où je craquais, où je ne supportais plus cette douleur, cette perte de moi-même, cette impression d’avoir un corps qui n’était plus vraiment le mien. Surtout à l’adolescence, quand on commence à vraiment s’intéresser à son apparence…je ne savais plus vraiment ce que j’étais au fond, si mon sang était encore le mien, si j’étais encore moi, ou plusieurs corps rassemblés en un seul. Il y a eu des moments où j’ai fui, où je ne voulais plus participer à ces séances, où je voulais conserver mon intégrité. Mon père a été obligé d’intervenir. Il me disait que c’était pour me protéger, qu’ainsi nos ennemis ne pourraient plus rien me faire. Que je serais en sécurité pour de bon, et que cela le rassurerait. Qu’il serait très déçu si je refusais encore de lui faire plaisir, alors qu’il faisait tout pour moi. J’acceptais alors la douleur et lui disais que je ne flancherais plus. Il souriait en disant qu’il l’espérait avant de repartir s’occuper des tâches autrement plus importantes qu’il lui incombait. Et me laissant seul pour affronter mes peurs et la souffrance. Mais je devais être à la hauteur pour lui. C’était la seule chose qui comptait.
Vous vous demandez peut-être comment je ne suis pas devenu fou, comment mon esprit a pu résister à ces nombreuses douleurs, à ce traitement sans céder pour de bon. Peut-être a-t-il cédé un peu, finalement. Peut-être est-ce pour cela que j’ai cette envie frénétique de dessiner, d’exorciser ces moments de ma vie d’une façon ou d’une autre. Peut-être est-ce pour cela que je peux me montrer violent, pour rendre un peu de ce que j’ai subi, pour montrer aux autres ce que j’ai vécu. Avec le recul, aujourd’hui, je me demande si mon père a eu raison d’agir ainsi. Bien sûr, même si je suis toujours mortel, il est devenu très difficile de me tuer. Mais est-ce que ça valait la peine qu’un père fasse endurer cela à son enfant ? Est-ce que ça valait la peine de recevoir toutes ces blessures, de subir tout cela ? Sincèrement, je ne sais pas. Quoi qu’il en soit, ce sont des moments de ma vie que je n’évoque pratiquement jamais ; bien peu de gens sont au courant de ce qu’il s’est passé, de la façon dont je me suis entraîné pour acquérir un tel stade dans mon pouvoir. Même Riley ne l’a jamais vraiment su ; je lui ai toujours interdit de venir à ces séances d’entraînement et me suis toujours assuré qu’il ne me suivait pas ou ne risquait pas de me surprendre. Je pense qu’il a cependant compris la vérité ; il m’a déjà vu blessé, lorsque les plaies trop nombreuses mettaient davantage de temps que d’ordinaire à se résorber. Mais il a aussi saisi que je ne voulais pas en parler. Je me fichais de ce qu’on me faisait, du moment que mon père était satisfait de moi et de mon comportement.
Bon, pour finir sur une note un peu plus positive, ce pouvoir a de très gros inconvénients. Vous ne pouvez pas être ivre très longtemps, vous dégrisez assez vite. Il faut vraiment boire une grosse quantité d’alcool pour saturer mon don. Et les effets sont alors très déplaisants, parce que la cuite est à la hauteur de la quantité ingurgitée. Pareil pour la drogue, on ne « plane » pas très longtemps, avant que le pouvoir ne fasse le ménage. Je ne sais pas comment le contrarier, l’empêcher de se manifester. C’est sans doute préférable. Mais c’est dommage.




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Je me nomme Hermine mais vous pouvez m'appeler Lewis ou Loulou ici, et j'ai 22 ans. Je pense que j'ai un niveau de rp plutôt correct et ma présence sera de 7j/7 à quelques exceptions près. J'ai découvert le forum par sa super fondatrice ♥.
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Lewis Austin

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Histoire


Chapitre : « 'Cuz it hurts when you disapprove all along / And now I try hard to make it / I just want to make you proud / I'm never gonna be good enough for you »

Vu le chapitre précédent, c’est peut-être le moment d’aborder ma relation avec mon père. Mon modèle et mon bourreau, l’homme que j’ai le plus adoré et admiré pendant des années, acceptant toutes ses décisions sans jamais les remettre en cause, les recevant comme parole d’Évangile. Mon père. Jack Austin. Maire de Naëris. Quand on voit ça, on se doute que la pression parentale a dû être énorme. Et plus encore quand on connaît l’homme qu’il est, aussi exigeant avec lui-même qu’envers les autres, et surtout sa propre famille. Violent, aussi. La chair de sa chair se devait d’être à sa hauteur, de se montrer digne de lui et de sa réussite pour prendre sa place un jour. Il n’admettait pas autre chose et se montrait prêt à employer tous les moyens possibles pour que cela arrive.

Enfant, je vénérais littéralement mon père, cette figure presque inaccessible, un peu lointaine, que je ne voyais pas très souvent mais dont je savais le rôle très important. Il a un tel charisme que je voulais plus que tout le rendre fier de moi, qu’il me regarde et me dise à quel point il était heureux de m’avoir pour fils. À l’époque, être enfant unique me convenait parfaitement ; ainsi, j’étais le seul qui pourrait attirer les regards de mon père, être l’objet de sa fierté et de sa satisfaction. Sans doute est-ce pour cela que j’ai si mal pris l’arrivée de Riley…j’avais peur qu’il me remplace dans le cœur de mon père. Je me suis plié à tout ce qu’il me demandait, dans mon enfance, prêt à exaucer le moindre de ses désirs dès qu’il l’énonçait, regrettant presque de ne pouvoir les devancer et de le satisfaire avant même qu’il n’exprime ses besoins ou ses attentes à mon égard. Je guettais chacune de ses apparitions, tâchais de reproduire chacun de ses gestes, de retenir ses paroles. Elles m’étaient peu destinées, mais tant pis. Je calquais mon comportement sur le sien ; c’est à cause de lui que je me suis si mal conduit avec ma mère. Il la méprisait ; je la méprisais aussi, sans chercher à comprendre les motivations profondes de cette attitude. Mon père devait posséder les raisons, mais je ne les ai pas demandées avant longtemps. Cela ne me regardait pas ; j’avais juste à imiter son comportement. Après tout, c’était mon père. Il ne pouvait pas se tromper. C’était impossible. Mon esprit d’enfant ne l’admettait pas. J’ai continué de me plier aux quatre volontés de mon père, notamment pour l’apprentissage de mon pouvoir, comme vous venez de le voir. J’acceptais tout venant de sa part, l’estimant pleinement mérité et justifié. Il se montrait parfois violent ; il m’a déjà frappé, voire cogné, pour des erreurs que j’avais commises. User de violence, physique ou psychique, à mon égard ne lui a jamais fait peur. Et je ne me suis jamais vraiment rebellé contre lui, puisque j’estimais qu’il était dans son droit et moi dans mon tort. Il a souvent eu des remarques humiliantes ou blessantes, me disant qu’il fallait vraiment que je me bouge si je voulais arriver à quelque chose dans la vie. Il me disait cela pour mon bien, affirmait-il. Et je le croyais. Comment en aurait-il été autrement ?
Je faisais tout pour éviter ces remarques, faire en sorte de satisfaire mon père en toutes circonstances. J’ai toujours été bon élève, plutôt brillant en cours, sans avoir vraiment besoin de travailler, ce qui pouvait agacer certaines personnes. Mon père m’a toujours encouragé à l’excellence, je devais être le meilleur toujours et partout. Obtenir la première place, quelle que soit la matière ou le sujet. Toute baisse dans le classement devait lui être expliquée, et il ne se privait pas de me corriger pour me remettre dans le droit chemin. Là aussi, je faisais tous les efforts possibles pour le satisfaire, et au bout du compte, il n’a jamais eu beaucoup de choses à redire sur ma scolarité. Au moins un domaine où il pouvait être content de moi. De même, à l’université, j’ai effectué ma scolarité sans souci particulier, validant les années sans aucun problème. Il m’a fait choisir les sciences politiques, tout ce qui pouvait me former à mon futur rôle de leader de Naëris. J’ai fait de l’économie aussi ; bref, tous les sujets barbants. J’aurais préféré quelque chose de plus artistique ; au fond, si j’avais le choix, j’aimerais bien consacrer ma vie au dessin mais je sais que cette solution n’est absolument pas admissible. Les hautes instances de Naëris ont tranché sur ce sujet, et j’ai cédé comme toujours. Impossible de m’élever contre la volonté de mon père. Je n’en ai pas le courage, et j’aurais trop peur de le décevoir en m’engageant sur une mauvaise voie. Or je ne veux jamais voir une lueur de déception dans son regard, qui me serait destinée. Je ne veux…peut-être devrais-je dire « je ne voulais jamais »…

Depuis une dizaine d’années, mon regard sur mon père a quelque peu changé. J’ai pris du recul par rapport à cette vénération aveugle que je lui vouais, et j’ai commencé à réfléchir sur ses actions. Tout a commencé avec la disparition de ma mère ; malgré mon mépris envers elle, elle avait fait partie intégrante de ma vie. La voir soudain absente, comprendre sa disparition…ça m’a fait un choc. Et j’ai regretté de ne pas avoir passé plus de temps avec elle. La faute en revient à mon père. Je suis sûr que s’il ne s’était pas remarié avec Alana, ma mère serait encore en vie. Je l’ai souvent dit à Jack, qui m’a toujours ignoré. Cela ne m’a pas empêché de continuer à faire ce qu’il voulait pour lui faire plaisir. Et maintenant, il y a ma relation avec Faith… Énorme source de déception, de tromperie et de trahison à ses yeux… Mais j’y reviendrai plus tard.

La question la plus importante est sans doute : mon père m’a-t-il aimé, m’aime-t-il ? Très franchement, je n’en sais absolument rien. Je ne sais pas si je suis davantage pour lui que celui qui sera amené à prendre sa succession. Je ne sais pas ce qu’il ferait si je me trouvais un jour en danger et qu’il devait négocier avec nos ennemis. S’il négocierait pour son image ou pour moi. Je n’en ai aucune idée ; il n’a jamais eu de mots d’affection, de gestes vers moi, qui auraient manifesté une vraie relation père/fils. Il m’a toujours poussé vers l’excellence et l’exigence. Mais c’est tout. S’il m’aime, il le cache bien. Je lui ai tout donné pendant des années, mais je n’ai jamais vraiment reçu de récompenses pour mes efforts…alors, j’ignore ce qu’il en est vraiment. J’espère quand même qu’il tient à moi. Mais c’est une question que je ne lui poserai jamais. J’ai l’impression que je n’ai jamais été assez bien pour lui, qu’il a toujours été déçu de moi, même s’il ne l’a jamais vraiment montré. Il devait s’attendre à autre chose de la part de son fils. Je ne sais pas. J’ai fait de mon mieux, pourtant, mais ce n’était sans doute pas assez pour un homme comme lui.

Chapitre : « Aujourd’hui, maman est morte. »

Je vous l’ai dit, je ne me suis jamais entendu avec ma mère. C’est la fille du maire précédant, j’imagine que ce n’est pas seulement l’amour qui guidait mon père quand il l’a épousé. Je n’ai pas l’impression que leur mariage ait été très heureux. Mon père a toujours été très séducteur et je ne suis pas sûr qu’il ait réussi à être fidèle envers sa femme. Non. Je suis certain qu’il ne l’a pas été. Mais bon, tout ça ne me concerne pas, n’est-ce pas ? J’ai reproduit le mépris de mon père envers ma mère ; elle était tellement différente de lui ! Elle était douce, effacée. Mais présente, même si je refusais de le voir. La pensée de mon père m’obsédait, c’était à lui que je voulais me dévouer, non à elle. Elle ne comptait pas. Riley et moi nous sommes souvent disputés à ce sujet. Orphelin, il trouvait que j’avais de la chance d’avoir encore ma mère. À l’époque, je l’ai rembarré assez méchamment en lui disant qu’il n’avait qu’à prendre la mienne en remplacement. C’était méchant pour eux deux. Je m’en moquais.
Elle a pourtant fait pas mal de choses pour moi ; elle a encouragé ma passion du dessin, m’a aidé quand il le fallait, quand mon père se montrait trop violent. Mais je refusais ses consolations, n’ayant qu’une idée en tête : faire mieux la prochaine fois, éviter la punition, et rendre mon père heureux. Je n’écoutais jamais ce qu’elle disait, faisant plutôt exactement le contraire de ce qu’elle attendait de moi. Elle m’interdisait quelque chose ? Je le faisais. Elle me demandait de rendre un service ? Ou je refusais, ou je le réalisais de la pire façon possible. Elle a souffert de mon rejet, je pense. Riley m’a aussi dit qu’elle me plaignait d’être ainsi. Je l’ai envoyé bouler. Nous avons quand même conservé une apparence de famille jusqu’à mes seize ans. Jusqu’à la séparation de mes parents. Jusqu’au remariage de mon père et la mort de ma mère. Jack entretenait une liaison avec Alana, que je n’appréciais guère ; par amour pour elle, il a quitté Maya… Elle en est morte de chagrin, peu après leur mariage à tous les deux. Sa disparition brutale a laissé un manque en moi. Elle faisait quand même partie de ma vie. Finalement, j’avais quand même cette vision d’enfant qui pense que ses parents sont immortels, qu’ils seront toujours là, quoiqu’il arrive. Eh bien, ce n’est pas le cas.
Je n’ai même pas pu la pleurer sur le moment ; ce n’était pas l’attitude que mon père voulait me voir adopter. Froideur, indifférence presque. Les funérailles ont été sobres. Alana était présente… J’en ai voulu à mon père de l’avoir laissée venir à ce qui n’aurait dû concerner que notre famille, et non cette étrangère que je me refusais à considérer comme ma belle-mère. Mais les jours suivants, je suis revenu sur la tombe de ma mère. Pas vraiment pour prier, je ne sais pas le faire. Mais pour m’assoir à côté d’elle et lui parler. Oublier qu’elle ne pouvait plus m’entendre. Et je lui ai un peu tout confié, en vrac. À quel point je regrettais mon attitude envers elle. Que j’aurais aimé qu’elle me pardonne. Que j’étais désolé de ne pas avoir compris plus tôt, d’avoir trop suivi mon père. Et je lui ai parlé de moi aussi, un peu comme un enfant confie ses peines et ses chagrins au parent qui va le consoler. Je sais qu’il était tard, trop tard pour le faire. Je le regrette encore aujourd’hui. Mais ça m’a quand même fait du bien. Quelque part, j’espère qu’elle m’a entendu. C’est à cette période que j’ai vraiment plongé dans les fêtes et les divertissements en tous genres. L’alcool et la drogue.
J’ai toujours veillé ensuite à ce que sa tombe soit fleurie régulièrement. Je lui ai apporté certains de mes dessins aussi. Et je viens chaque année au jour de sa mort. Je sais que c’est bien peu, qu’elle aurait mérité davantage de ma part de son vivant. J’en porterai les regrets jusqu’à la fin de mes jours, je crois.

Chapitre : « Vivre intensément et sucer toute la moelle secrète de la vie [...] pour ne pas, au soir de la vieillesse, découvrir que je n'avais pas vécu. »

Vous l’avez compris, je veux vivre. Par tous les moyens possibles. Alors, dès mon adolescence, j’ai vécu et profité des plaisirs, de tous les plaisirs que pouvaient m’offrir la vie. C’est la meilleure façon de se sentir exister. J’ai flambé ma jeunesse au feu des fêtes en tous genres. « On n’est pas sérieux quand on a 17 ans » a dit le poète. J’avoue que j’ai commencé un peu plus tôt, puisque ma première incursion dans une boîte de nuit a eu lieu alors que je n’avais que quatorze ans. Le gérant a hésité avant de me laisser entrer : accepter de me faire entrer ou me refouler pouvaient tous deux lui attirer des ennuis avec mon père. Mais à l’époque, déjà, je savais jouer de mon arrogance, de ma prétention. Un tel orgueil chez un adolescent pouvait impressionner et ça a fonctionné. On ne refuse rien à un Austin et c’est tout. Point à la ligne, fin de la discussion. Évidemment, je ne passais pas toutes mes soirées en boîte de nuit. J’avais de quoi faire de belles fêtes dans la demeure de mon père, dans les parties les moins privées. Toute la jeunesse dorée de Naëris (à savoir, les enfants des principaux conseillers de mon père ou des chefs du Zaïhra, des personnalités influentes) se retrouvait fréquemment (et se retrouve encore) lors de grandes soirées où la moralité n’est pas forcément des plus présentes. J’étais un peu le chef de notre groupe, avant de passer la main à quelqu’un de plus jeune. Je pilotais nos divertissements, décidais de nos amusements. J’étais le meneur de ces soirées, qu’elles aient lieu chez moi ou ailleurs, et souvent le prestige de la fête dépendait de ma présence ou non sur place. Il m’est déjà arrivé d’humilier des personnes que je n’appréciais pas en refusant de me rendre à une soirée qu’elles avaient organisée. Flop total, placard, rideau. C’est jouissif, surtout lorsqu’on sait que le niveau de ces soirées devait être très bon, le niveau dont nous avions tous l’habitude. Mais je n’étais pas là et ça changeait tout. Les gens sont fayot à Naëris, vous ne pouvez pas imaginer à quel point. J’adorais en jouer, à encourager les flatteries de certains avant de les rejeter. Ca faisait sourire Riley qui essayait quand même d’arrondir les angles. Je n’en avais que faire à l’époque, je ne faisais que ce qui me plaisait. Je me suis assagi depuis, un peu calmé. J’ai trouvé d’autres moyens pour nuire aux gens qui me déplaisent, moins puérils. Mais ce n’est pas le sujet.
Bien sûr, il va sans dire que nous ne faisions pas que danser (mais j’aime bien ça, et encore plus voir les filles se battre pour l’honneur d’une danse avec moi parce que je suis beau, brillant, et le fils du maire. Ca flatte l’ego), écouter de la musique ou boire du jus de fruit dans ces soirées. J’ai très tôt goûté à l’alcool et y ai pris plaisir. Nos fêtes étaient bien arrosées, et je ne me suis pas toujours réveillé en très bonne forme le lendemain. Je me suis aussi déjà retrouvé dans la piscine de l’un ou l’autre de mes amis, afin de me rafraîchir les idées. Aucune idée de si j’avais plongé de moi-même ou si l’on m’avait sournoisement poussé. Pour avoir moi-même aidé quelques amis à s’éclaircir l’esprit, je crois que je sais quand même ce qui a pu se passer.  
Naturellement, je ne me suis pas contenté de boire. La cigarette a bien vite accompagné tout cela et, vous vous en doutez, des choses un peu moins licites que le tabac. La drogue circulait bien entre nous, et c’est facile de s’en procurer à Naëris quand on connaît les bonnes personnes. Je crois que ma pire période a été entre mes seize ans et mes dix-huit ans, j’ai fini complètement déchiré à de nombreuses reprises, ce qui n’a fait que décevoir mon père. Mais j’avais aussi besoin de ce type d’évasion, de me sentir vivre avec davantage d’intensité. J’en suis revenu maintenant, et heureusement : avec mon pouvoir, les effets de la drogue s’estompaient assez rapidement ; mon organisme associait les substances à une sorte de maladie et s’en débarrassait le plus vite possible ; il me fallait des doses assez importantes. Je crois que j’aurais fini par faire une overdose… J’ai l’impression d’être vieux en disant ça, mais là aussi, je me suis calmé, je me suis un peu repris en main. C’est pas glorieux, on pourrait s’attendre à mieux de la part du fils de Jack Austin, mais je pense que c’est parce que je suis justement son fils que ça a tourné de cette manière. Trop de pression, d’exigence. Une façon comme une autre de craquer et de fuir. De me fuir.
C’est également à cette période que j’ai gracieusement abandonné ma virginité. Nous nous sommes dit au revoir sans regret. Quelque part dans ma quinzième année, entre trois heures et quatre heures du matin. Je ne sais plus comment. Je ne sais plus avec qui. Elle était plus âgée que moi, nous avions passé la soirée à flirter ; à mesure que les lumières s’éteignaient, nous nous frôlions de plus en plus, et nous avions fini par avoir besoin d’une chambre qui avaient abrité nos ébats. Expérience bientôt renouvelée, avec elle, puis avec une autre. Et une autre. Je passais d’une fille à l’autre, incapable de m’attacher, ne le voulant pas. Je ne recherchais que les plaisirs de l’amour, pas ses tourments. Je ne voulais pas de psychodrame, ni de ruptures dramatiques et grandiloquentes, de retrouvailles éplorées. Le romantisme et l’eau de rose, très peu pour moi. Et puis, il ne fallait pas faire de jalouses, n’est-ce pas ? Sandra, Alexie, et toutes les autres… bien peu de visages sont restés au final ; je ne les connaissais pas vraiment, ne désirais pas les connaître (enfin, si je les connaissais bibliquement, tout ça, tout ça, mais ça n’allait pas au-delà).  
Sur ce plan-là, je me suis aussi calmé, même si ma réputation de séducteur et d’infidèle est toujours valable. J’ai un beau tableau de chasse (certaines mauvaises langues pourraient prétendre que c’est pour cela que j’ai séduit Faith, une belle conquête vu qui je suis…mais c’est volontairement que je ne parle pas d’elle ici, parce qu’elle n’y a pas sa place. Avez-vous vu une seule fois la mention du fait que j’aie aimé l’une de ces filles ? Je ne crois pas, non).
Si ce n’est pas l’heure de parler de Faith, c’est celle de parler de certaines de mes conquêtes ou des femmes que je considère un peu comme un jeu (pas de mauvaise interprétation, merci, c’est un jeu du chat et de la souris (même si j’admets avoir joué sans vergogne avec quelques filles (mais en même temps, elles le méritaient, je n’ai jamais vu plus stupides. De vraies poules))). En fait, non, je vais surtout vous parler de l’une d’entre elles. Je ne tiens pas à étaler plus que cela ma vie privée devant vous. Je pense bien sûr à Alana Austin. Ma belle-mère depuis que j’ai seize ans. Au début, ce n’était pas la grande joie entre nous. Et puis, j’ai fini par me rendre compte qu’elle était vraiment belle. Jeune. Désirable. Mariée à mon père aussi, mais ça faisait longtemps que je le savais. Et puis, s’il m’a légué ses gènes de séducteur, je n’y peux rien ! Je fais seulement fructifier ce qu’il m’a transmis, il devrait en être heureux. Enfin, bref, depuis deux ans, Alana et moi avons entamé une sorte de jeu du chat et de la souris. Nous flirtons ensemble, échangeons des regards de connivence, des gestes… Mon père a fini par s’en rendre compte et nous fait souvent part de l’expression de son mécontentement. Je devrais lui obéir mais je ne le fais pas. Pourquoi ? Parce qu’Alana est une sorte de défi ? Ou parce que je sais que finalement, tout ça n’est qu’un jeu et qu’il ne se passera rien entre nous ? Un peu des deux, sans doute. Plutôt la première solution au début, plutôt la seconde à présent. Nous jouons à celui qui cèdera le premier, mais aucun de nous n’a l’intention de laisser la victoire à l’autre. Alors, nous avançons nos pions, manœuvrons en espérant que l’autre craquera. Ce n’est pas encore arrivé jusqu’à présent (et c’est à noter : je suis pourtant doué pour faire craquer les filles, elles se retrouvent dans mon lit en un temps record). Mais je crois que nous apprécions tous les deux cela dans notre relation, cette façon de se chercher sans jamais se trouver. Et je ne veux pas que cela change à présent : depuis ma rencontre avec Faith, je joue moins avec Alana. Cela ne lui a pas échappé bien sûr, et elle tente de me séduire plus que jamais. Alors que j’aurais pu céder autrefois, je suis moins décidé que jamais à le faire. Je pense trop à Faith pour cela. Certes, j’éprouve toujours une certaine attirance pour Alana, mais c’est loin, très loin d’approcher ce que je peux ressentir pour Faith.

Chapitre : « – Je t'avais pas déjà tué toi ? – Essaye encore.  »

Vous le savez, nous vivons dans un monde violent (et je le déplore. Si, si.). Et le fait est que l’on a déjà tenté de m’assassiner à de nombreuses reprises (en fait, c’est surtout ça que je déplore, c’est lassant à la longue). Ce sont des choses qui arrivent quand on est fils de maire. Ou mutant. Ou tout simplement si brillant que les autres préfèrent vous crever plutôt que crever de dépit. Dommage, je suis increvable. Enfin, presque. (Et non, je n’aime pas les jeux de mots stupides, c’est une rumeur totalement fausse).
Les plus acharnés jusqu’à présent ont été les membres de la Fraternité. Sans doute parce qu’ils n’ont aucun scrupule, aucune morale, et ne reculent devant rien. Les membres du Falnaë peuvent faire des dégâts…mais ils ont un curieux sens de l’honneur qui les fait rechigner à l’assassinat dans le dos. Trop lâche pour eux sans doute. Je remercie les Esprits de les avoir dotés d’une âme si noble, ça me met quand même un souci de moins sur le dos. Évidemment, je ne tombe pas dans la naïveté la plus totale avec eux non plus ; je sais ce qu’ils me feraient s’ils parvenaient à me capturer. Ils ont de quoi vouloir me faire payer ce qui est arrivé aux membres que nous avons capturés, même si je n’en suis pas directement responsable. (S’ils me mettaient la main dessus, je me demande comment réagirait Faith. Ce qu’elle laisserait faire. Bizarrement, je n’ai pas tellement envie de le lui demander, l’ignorance est parfois une bonne chose). J’ai toujours constitué une cible de choix, quel que soit le camp, Fraternité ou Falnaë. Mais restons-en au présent et au passé, il y a déjà fort à faire avec eux, sans se préoccuper en plus de l’avenir.
Mon père a toujours voulu que je dispose d’une garde rapprochée, constituée de membres du Zaïhra. Moi, au contraire, je n’en voulais pas. Alors, j’ai passé le plus clair de mon temps à tenter de leur échapper, à filer en ville dans la discrétion la plus totale. Avec plus ou moins de succès. Dans mon adolescence, c’était mon sport préféré. Parvenir à les semer était un grand motif de fierté, et témoignait également de la qualité de mon entraînement (et de mes propres qualités). Je ne sais pas trop ce que mon père a su sur le sujet : il n’entrait ni dans mon intérêt ni dans celui des hommes du Zaïhra d’avouer que je parvenais à leur glisser entre les doigts. Nous nous protégions mutuellement, d’une certaine façon. Évidemment, les tentatives presque réussies de la Fraternité ont un peu mis la puce à l’oreille de mon père, qui m’a puni de mes frasques. Nous avons fini par aboutir à un compromis : les hommes (et les femmes, certes, je ne suis pas sectaire, je prends le mot « hommes » au sens d’humains, hein) du Zaïhra devraient se tenir à distance.
Comme vous vous en doutez, les ennuis n’ont jamais été loin. À croire que le respect se perd de nos jours, si on ne respecte même plus la famille de celui qui vous gouverne. J’avais quatorze ans la première fois qu’on a tenté de me tuer –il y a aussi eu quelques tentatives d’enlèvement quand j’étais plus petit, mais elles ont toutes avorté, et les auteurs ne sont plus là pour en parler. Ce soir-là, j’avais réussi à filer en douce et à me fondre dans la ville. Je voulais voir le Creux de l’enfer, cette boîte de nuit dont tout le monde parlait. Je pensais encore alors que personne n’oserait s’en prendre à moi. J’étais le fils de Jack Austin. Cela valait toutes les protections. Dommage que j’aie oublié que ça déclenchait aussi un permis de tuer chez certains allergiques au pouvoir et à la classe naturelle. J’étais presque arrivé lorsqu’ils me sont tombés dessus. Je faisais attention mais je n’ai rien vu venir. J’ignore depuis combien de temps ils m’avaient repéré. En tous cas, ils m’ont tabassé dans les règles de l’art. Physiquement, je n’étais pas assez fort pour leur résister ; même avec un couteau, un adolescent ne peut pas faire grand-chose contre des hommes armés et déterminés. C’est le Xinow qui est intervenu et les a forcés à fuir. Ils ont décampé sans trop insister : ils pensaient leur travail accompli correctement. Et le fait est que j’étais plus mort que vif. J’avais encaissé de sales coups, et quelques côtes cassées avaient créé des dégâts supplémentaires. Les types du Xinow ont vraiment cru que j’allais leur claquer entre les doigts. Mon pouvoir n’était pas très connu à l’époque. Heureusement, j’en étais au sixième stade, et je pouvais me remettre de plaies graves, mais non mortelles. En gros, j’ai eu de la chance qu’aucune de mes blessures ne soit mortelle en elle-même, c’est plutôt l’ensemble qui l’était. Ca ne m’a pas épargné un passage à l’hôpital, même si je me suis remis bien plus vite que n’importe qui d’autre dans les mêmes circonstances. Mon état ne m’a pas évité non plus les remontrances de mon père. Il n’a pas cogné ce jour-là, mais il s’est arrangé pour que j’éprouve vraiment la douleur de mes blessures. J’ai présenté des excuses pour mon comportement. Il a juré d’avoir les types de la Fraternité qui lui avaient fait ça (oui, vous avez bien lui. Qui LUI avaient fait ça, c’est-à-dire qui avaient osé remettre en cause son pouvoir en s’en prenant à un membre de sa famille. Moi, dans l’histoire, je ne comptais pas vraiment. J’étais seulement le fils de mon père, un Austin et voilà).
Ca n’a pas varié au fil des années : j’ai eu plusieurs rencontres avec le Falnaë, soit avec la Fraternité. Parfois fortuites, parfois provoquées par moi ou mes adversaires. Je m’en suis toujours sorti ; à force de me voir rétabli aussi vite lorsqu’ils parvenaient à me blesser (il est arrivé au Zaïhra de faire correctement son travail et d’arriver avant que je ne me fasse taper dessus), les autres ont fini par comprendre la nature de mon pouvoir. Et ont commencé à chercher des solutions. J’aurais presque pu me croire dans les sessions d’entraînement de mon père. Ils ont testé les poignards. Les arcs. Les armes à feu. La hache, une fois (le type de la Fraternité ne s’en est pas sorti cette fois ; j’ai veillé tout particulièrement à ce qu’il souffre avant de mourir et à ce qu’on utilise contre lui ses propres armes. Dommage que lui n’ait pas eu la capacité de faire repousser ce qu’il avait perdu. Oui, je vous l’avais dit, je suis rancunier). Je n’ai pas tenu le compte précis des tentatives faites pour venir à bout de moi, mais vu l’évolution assez rapide de mon pouvoir, que je dois à mon père, il risque d’être de plus en plus difficile de me tuer, voire impossible. En fait, pour l’instant, je ne vois qu’une chose qui puisse marcher, et les autres le savent aussi, puisqu’ils ont tenté le coup.
J’ai failli y rester lors de cette dernière tentative, il n’y a pas si longtemps. Ces tarés de la Fraternité ont appris à viser juste et à se servir des armes qu’on leur fournit. J’avais décidé de faire une virée en ville ce soir-là, et ils ont monté une véritable embuscade. Les hommes du Zaïhra qui me suivaient de loin ont été pris à partie, occupés assez longtemps pour être retardés et se trouver dans l’incapacité de me porter secours. Pendant ce temps, un autre groupe de la Fraternité s’occupait de moi. Ils ont réussi à m’atteindre avec leur maudit Annihilateur. J’ai senti la balle pénétrer au niveau de la poitrine, puis je me suis écroulé. Si vous n’êtes pas mutant et que vous n’avez jamais subi ce truc-là, vous ne pouvez pas comprendre. C’est comme si votre pouvoir disparaissait purement et simplement. Comme si on vous amputait sauvagement d’une partie de votre âme et de votre esprit. Comme si on découpait un trou à l’intérieur de vous et qu’on laissait la plaie béante, à vif. Douleur physique et mentale. Indescriptible. J’étais incapable de me défendre, il leur a été facile de s’en prendre à moi ensuite. Ma chance a été leur trop grande vanité. Ils étaient fiers de leur coup, d’avoir réussi à trouver la combine qui permettait de me vaincre à coup sûr et m’empêcherait de survivre à cette rencontre. Alors, ils s’en sont donnés à cœur joie, afin de me faire souffrir pour de bon. Pauvres crétins. Ils auraient mieux fait de m’abattre immédiatement. L’un d’eux a fini par sortir son pistolet et l’a pointé sur moi, prêt à tirer à bout portant. Dans l’état dans lequel je me trouvais, je ne pouvais rien faire. Il n’a pas résisté à faire une dernière bonne plaisanterie ; je ne me souviens pas des mots exacts, mais ça devait être du niveau : « Alors, quel effet ça fait de mourir enfin pour de vrai ? ». Pathétique. Et ça a laissé le temps au Zaïhra d’intervenir. Un seul tir, qui a eu le type qui me menaçait. Il n’a pas eu l’occasion de tirer. Les autres se sont défendus ; certains se sont fait avoir, d’autres ont réussi à fuir. Mais je n’étais pas vraiment en état de me rendre compte de tout cela. Là aussi, j’ai failli y passer, le temps que l’Annihilateur cesse de faire effet. Ils m’ont transféré en urgence à l’hôpital mais là-bas, leur tâche s’est surtout limitée à me maintenir en vie jusqu’à ce que mon pouvoir refasse son apparition, et prenne en charge tous les dommages. J’étais à moitié dans le coma mais j’ai cependant gardé un souvenir précis de la douleur. Aïe. Autant dire que je fais vraiment attention. Et que j’espère qu’on trouvera un antidote à ce maudit Annihilateur.
Depuis, j’ai juré que j’aurai la peau de Dereck Blanco, le soi-disant Gardien de la Fraternité. J’ai hâte de lui mettre la main dessus et de lui rendre au centuple ce qu’il m’a fait. Je veux l’atteindre et le détruire.

Chapitre : « On rêve d’un idéal, on le prie, on l’appelle, on le guette, et puis le jour où il se dessine, on découvre la peur de le vivre, celle de ne pas être à la hauteur de ses propres rêves, celle encore de les marier à une réalité dont on devient responsable. »


La vie offre parfois de belles surprises. De sacrées belles surprises, même. Du genre de celles dont on ne se relève jamais, qui vous marquent à tout jamais. Qui chamboulent votre existence pour le meilleur et pour le pire, et que vous accueillez à bras ouverts parce que vous sentez que cette nouvelle voie qui s’ouvre est la bonne. On peut voir la vie comme une route, qui s’élance droite, vers l’infini, quand tout va bien. Qui comporte de nombreux virages et tournants qui sont autant de chemins nouveaux à emprunter, sources de malheurs ou jolies opportunités. On peut s’élancer à l’assaut des montagnes, longer des ravins et des précipices, descendre un peu trop vite une pente. La vie est une route qui s’ouvre à soi…et le meilleur tournant que j’aie rencontré, la plus belle surprise, ça a été elle. Faith Warrens. Je vous ai épargné le couplet politique jusqu’à présent, il faut quand même que j’en touche un mot. À Naëris, face au Xeryl et au clan Austin dont je suis l’un des plus éminents représentants, il y a le Falnaë. Les rebelles. Dirigé par les Warrens. Ca vous pose le cadre tout de suite, n’est-ce pas ? A priori, Austin et Warrens, c’est aucune compatibilité. Nada, zéro. Impossible.
Sauf que…
Sauf que j’ai rencontré Faith Warrens un soir d’octobre 2195. La date exacte est gravée dans ma mémoire. Nous sommes tombés l’un sur l’autre par le plus grand des hasards, au détour d’une ruelle. J’étais seul ; elle aussi. Ce doit être rare pour nous deux de ne pas avoir des amis à proximité ou des gardes du corps. Signe du destin ? Peut-être. Jeu des Esprits ? Peut-être aussi. Nous savions qui nous étions l’un et l’autre, mais nous avons commencé à discuter. De la météo, de tout et de rien. Nous aurions pu nous sauter à la gorge, tenter de nous entretuer, comme l’auraient souhaité nos deux familles. Nous n’en avons rien fait. Ce n’est qu’après la discussion, longtemps après, en revenant chez moi, que j’ai pensé à ce que j’aurais dû faire. Mais l’idée ne m’avait même pas effleuré l’esprit. Les détails de la conversation sont toujours présents en moi, mais je ne vous les livrerai pas.
Je crois que nous avons aimé ce que nous avons découvert sur l’autre. Cela a été mon cas, du moins. Je connaissais la Faith rebelle, image déformée donnée par les cercles du pouvoir de la ville. J’en découvrais une autre. Et je voulais en apprendre davantage sur elle. Nous n’avons pu rester longtemps ensemble ce soir-là. Je ne suis pas allé en boîte retrouver mes amis, comme c’était prévu. A la place, j’ai fait une longue promenade dans les rues de Naëris, sous le regard de la lune et des étoiles, avant de rentrer chez moi. Je n’ai pas dormi de la nuit, et le lendemain, je me suis levé avec l’idée qu’il fallait que je la revoie. Peu importait les risques. Je voulais plus que tout la rencontrer de nouveau, parler davantage avec elle. Non pour apprendre des choses sur le Falnaë, mais simplement pour la connaître elle, Faith. Pas Faith Warrens, Faith tout court. J’avais conscience qu’en pensant cela, je trahissais mon père, les attentes et les espoirs qu’il plaçait en moi, mais j’étais incapable de résister à cette impulsion. Le cœur a ses raisons que la raison ignore, n’est-ce pas ?
Nous nous sommes croisés de nouveau dans la ville, par hasard. Nous évitions de parler idéologie, de ce qui nous séparait. Mais nous évoquions tout le reste, nos vies personnelles, notre passé ; nous nous comprenions sur pas mal de chose : elle est l’héritière du Falnaë, je suis celui du Xeryl. Nous avons tous les deux perdus notre mère par la faute de Jack. Nous avons subi le même genre de pression. Et au fond, nous savons l’un et l’autre qu’aux yeux du monde nous sommes avant tout le fils Austin et la fille Warrens, avant d’être Faith et Lewis. Mais ensemble, nous pouvions être ce que nous étions vraiment. Nous avons très vite été francs l’un envers l’autre –nous n’avons pas raconté nos vies en détails, il y a des choses que je n’ai pas dites, comme je sais qu’elle ne m’a pas tout révélé sur elle, mais nous en savons assez sur l’autre pour comprendre ses réactions, ce qui le motive et le fait agir. Connaissance intime et profonde l’un de l’autre. Faith est sans doute la seule, avec Riley, à savoir qui je suis vraiment. Et ça fait un bien fou.
J’étais heureux de ces rencontres, qui n’ont bientôt plus rien dû au hasard, mais à notre volonté conscient de nous retrouver. Nous étions irrémédiablement attirés l’un par l’autre ; au début, j’ai tenté de me convaincre qu’il ne s’agissait que d’une attirance passagère, de l’envie d’avoir une conquête de plus, et quelle conquête ! Mais il m’est très vite apparu que la situation était différente. Pour la première fois de ma vie, j’étais tombé amoureux. Pour la première fois, je rencontrais quelqu’un que j’avais envie de connaître. Qui ne m’intéressait pas pour les nuits que nous pouvions passer ensemble.
Nous avons continué de nous voir, et nous avons fini par nous embrasser. C’est venu naturellement, sans que nous y pensions vraiment, comme une évidence qui s’imposait peu à peu entre nous. Nous avions besoin de nous voir, nous avions besoin l’un de l’autre. C’était aussi simple que ça. Évidemment, je n’ai rien dit à personne chez moi, j’ai gardé mes anciennes habitudes, enfin la plupart –ça veut dire que j’ai découvert la notion de fidélité dans une relation. Eh oui. Tout peut arriver. Même Riley, mon plus proche confident, n’a rien su de ce qu’il se passait. Ce n’est pas que je ne lui faisais pas confiance, mais je crois que dans certaines circonstances, même la plus grande loyauté peut avoir ses limites. Je ne voulais pas mettre mon ami en porte à faux vis-à-vis de mon père. Et puis, même sans ce danger, je crois que je n’en aurais pas parlé. Parce que c’était nous deux, Faith et moi, et c’était tout. Je dissimule peu de choses sur ma vie privée…mais là, je voulais vraiment garder cette relation secrète, en faire quelque chose de vraiment personnel. Mettre mon ami au courant m’aurait gêné, je voulais garder jalousement notre secret. Je ne dispose pas des mots nécessaires pour expliquer ce que je ressens vraiment, mais je tenais à ce que notre relation demeure notre jardin secret, quelque chose qui n’appartenait qu’à nous et que personne ne pourrait gâcher.
D’un certain côté, j’avais peur aussi. En tombant amoureux, je découvrais quelque chose de réellement nouveau pour moi, qui préférais ne jamais m’attacher. Je craignais de ne pas être à la hauteur des sentiments qui s’ouvraient à moi, de ne pas y répondre correctement. Je souhaitais le meilleur pour Faith et j’espérais la combler, tout en sachant que nous aimer nous était interdit. Que jamais nos père n’accepteraient notre amour qui pour eux serait pratiquement contre nature. Un Austin et une Warrens ? Hérésie. Honte.
Aussi, lorsque Faith m’a annoncé qu’elle était tombée enceinte de moi, j’ai pris plusieurs jours pour réfléchir. Un enfant, dans notre situation… Nous ne pouvions continuer ainsi. J’étais sûr de mon amour envers elle, mais je ne voulais pas la mettre en danger. Si jamais des hommes du Xeryl nous surprenaient ensemble… Non. Je ne pouvais accepter une telle idée. Le plus important, c’était de les protéger, elle et notre enfant. Et pour cela, il fallait nous séparer. C’est à ce moment que j’ai parlé de notre relation à Riley, qui est tombé des nues. Je ne me sentais pas capable de décider seul pour cette fois ; j’avais besoin de quelqu’un pour me conseiller, m’aider à faire le meilleur choix. J’ai fait confiance à mon meilleur ami pour ne pas me trahir… Il m’a conseillé la rupture : pour lui, c’était la seule solution envisageable, la seule qui nous préserverait. Il craignait la même chose que moi : que mon père finisse par découvrir la vérité, renseigné par l’un de ses hommes. Et si cela arrivait…Faith n’aurait pas été la seule à risquer sa vie. La décision a été un véritable crève-cœur pour moi. C’était ce je souhaitais le moins au monde. Mais comment faire autrement ? J’ai rompu, et ça a été l’un des actes les plus difficiles de ma vie. Nous ne devions plus nous revoir, cesser tout contact. Je savais que je brisais le cœur de Faith en agissant ainsi, que je brisais le mien aussi. Mais c’était la seule solution. La seule. Même si elle me donnait d’immenses remords, l’impression que je quittais volontairement le bon chemin, que je me détournais de l’amour de ma vie.
Et une fois la séparation réalisée, j’ai dû dissimuler mes sentiments à ce sujet, continuer à faire la fête comme si rien ne s’était passé, continuer à travailler avec mon père, à participer aux affaires de Naëris. Pourtant, toutes mes pensées demeuraient tournées vers Faith. Je rêvais d’elle la nuit. Et mon crayon ne dessinait qu’elle. Riley me tenait à l’œil, craignant que je ne commette une erreur qui aurait tout gâché, mais je suis toujours resté sur mes gardes, veillant à garder mon amour secret.

Les mois qui ont suivi notre séparation ont été très difficiles. Elle hantait mes jours et mes nuits, ne quittait jamais mon esprit. J’avais besoin de savoir ce qu’elle devenait, si elle ne risquait rien, si tout allait bien pour elle, si la grossesse se déroulait sans problème, si… La liste de mes angoisses pouvait se dérouler à l’infini. J’avais besoin d’elle tout simplement. Je m’en voulais d’avoir choisi la rupture ; sans doute aurais-je pu trouver une autre solution. J’en ai même voulu un moment à Riley de m’avoir conseillé la séparation, ce qui a certainement achevé de le convaincre que j’étais fou amoureux. J’ai fini par apprendre qu’elle était partie en mission avec Kylian, loin de Naëris ; la seule façon d’avoir de ses nouvelles était de contacter ses proches… J’ai fini par me décider à rencontrer April, la petite sœur de Faith. Elle s’est montrée plus que méfiante au début, mais j’ai réussi à la convaincre que je me souciais réellement de sa sœur, que je ne lui demandais même pas où elle était, mais simplement de me dire si elle allait bien. Rien d’autre. Aucune information sur sa mission, sur le lieu où elle se trouvait. Nous avons commencé à sympathiser un peu… Je me dis que ça peut toujours être utile pour l’avenir, d’avoir de potentiels alliés au sein du Falnaë, du moins des gens qui n’envisagent pas de me tuer au premier regard. J’ai également fait la connaissance de Nyla, qui mène l’Unité Johanson, la meilleure amie de Faith. Si mon père était au courant de ces nouvelles fréquentations, nul doute qu’il me tuerait sur place…ou plutôt, qu’il chercherait à me faire avouer toutes les informations possibles sur ces groupes. Nous avons aussi échangé des informations sur Faith, puisque j’avais envoyé des Xinows à sa recherche, en toute discrétion. Mais pas de nouvelles… C’est à cette occasion que j’ai appris que Faith avait une demi-sœur, June Cohen. Apparemment, Dorian n’est pas aussi saint qu’il en a l’air… J’ai promis de protéger la jeune femme, et j’entends bien tenir ma promesse, même si Nyla est morte à présent. Ca m’a fait un choc aussi d’apprendre qu’elle avait été assassinée… Je commence à me dire que cette guerre permanente fait bien trop de victimes, qu’il doit bien y avoir un moyen d’arrêter tout cela, tout cet engrenage de folie et de violence…

Chapitre : « Mes mains dessinent dans le soir la forme d'un espoir qui ressemble à ton corps. »

J’ai rêvé de Faith pendant des mois, tout en maintenant les apparences pour mon entourage. (C’est la préservation de ces mêmes apparences qui m’a poussé à me rapprocher de Dawn et à partager certaines de mes nuits avec elle. Il fallait bien que je maintienne ma réputation…). Mon amour pour la falnaënne n’a jamais faibli au cours de ces derniers mois, ma plus grande espérance était qu’elle finisse par revenir à Naëris, que nous puissions nous revoir. Que je découvre notre enfant. Que nous partagions de nouveau nos nuits, malgré le danger. Je l’aime trop pour accepter d’être séparé d’elle plus longtemps encore.
La situation n’est pourtant pas facile… Mon père a fini par apprendre pour Faith et moi. Je ne sais pas comment, ni par qui. Peut-être un espion. Mais si je mets un jour la main sur celui qui est à l’origine de la rumeur, je le tuerai sans remords. Tout Naëris commence à parler de cela, de ce qui nous aurait uni. Les rumeurs se répandent vite. Et pour une fois, c’est vrai… Mon père ne m’a pas encore convoqué pour parler de cela, mais je sens que cela ne va pas tarder. Impossible de lui mentir… Mais on dit aussi qu’il a été l’amant d’Eden Warrens. La mère de Faith (qui pourrait être leur fille. Mais je refuse d’y croire, nous n’avons aucun lien de sang elle et moi !). Alors je pense que nous nous valons bien dans le domaine. J’ignore comment il réagira lorsque je lui présenterai mes arguments. Mal sans doute, mais je ne me laisserai pas faire ! Je refuse de céder face à lui, de renoncer à mon amour pour Faith. Je ne veux pas l’abandonner non plus. C’est mon père, je lui ai donné mon corps et mon esprit à défaut de mon cœur. Je ne peux lui tourner le dos, en reniant mon passé.
Impasse.
À la maison, on commence aussi à chuchoter que mon père envisagerait de faire de Riley son héritier à ma place, qu’il me désavouerait pour me punir de ma relation avec Faith. Je ne sais pas si c’est vrai…mais je refuse de perdre mes droits. Riley a intérêt à refuser ! Ce n’est pas à lui de prendre ma place. Je suis le fils unique de Jack.
Faith et mon père…je ne veux renier ni l’un ni l’autre, ce sont les figures principales de ma vie, ceux autour desquels tout tourne. Cependant, le fait d’aider mon père est une trahison pour Faith ; aimer Faith est une trahison pour mon père. Mais je refuse de choisir entre eux. Je veux seulement avoir la possibilité de passer du temps avec la femme que j’aime, de voir grandir nos enfants, et de faire ce que mon père attend de moi.
Incompatibilité. Et ça me tue.

J’ai appris que Faith était de retour en ville ; j’irai la voir dès que possible. Le Zaïhra me protège davantage depuis la dernière tentative d’assassinat de la Fraternité pendant laquelle j’ai failli y passer. Mais je saurai bien leur échapper pour LA retrouver.

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Lewis Austin ♦ « – Je crois que j’ai ressuscité. – Ça m’est arrivé plein de fois. On s’en remet. »

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